« Jackie » – Le destin de Jacqueline
«Jackie» de Pablo Larrain
Colette Ramsauer | Le réalisateur chilien Pablo Larrain brosse à nouveau le portrait d’un personnage célèbre. Après celui du poète Pablo Neruda en 2016, il porte à l’écran celui de la veuve du président américain John Fitzgerald Kennedy. Et c’est plutôt réussi.
Ford cabriolet légendaire
Pour fil conducteur, une interview au célèbre journaliste Ted White (Billy Crudup), souhaitée par l’ex-première dame dans lequel elle entend éclaircir des faits suite à l’assassinat de son époux J.F.K. Et honorer l’homme qu’il était. Ponctué de flash back sur son court vécu avec le président, sous-entendant une union sans amour réciproque, le film se concentre sur une brève et douloureuse étape de sa vie: de l’instant de l’attentat à Dallas – images en direct qui bouleversèrent le monde entier en novembre 1963 – lorsque J.F.K. succombe entre ses bras dans la désormais légendaire Ford cabriolet noire, jusqu’au moment où elle quitte définitivement la Maison Blanche. On la voit, entourée de ses proches, les plus chers: Caroline et John, ses enfants; Robert son beau-frère (Peter Sarsgaard); Nancy Tuckermann son amie de toujours (Greta Gerwig); se confiant longuement au prêtre jésuite Richard Mcsorley (John Hurt 1940-2017). Le film revient sur des faits anecdotiques: la First Lady prostrée, tardant à quitter son tailleur taché de sang – 11heures selon une biographie – ou s’inspirant des obsèques du Président Lincoln, son vœu étant de suivre à pied le corbillard de la Maison Blanche au Capitole avec derrière elle plus d’une centaine de chefs et représentants d’Etat. Impensable pour le service de sécurité!
L’interprète
Nombreuses sont les adaptations de la vie de Jackie Kennedy au cinéma, à la télévision, au théâtre. Pablo Larrain prend le risque de la faire revivre à l’écran. Subtilement, par le choix de l’interprète. Une sensibilité à fleur de peau de l’actrice Natalie Portman rejoint parfaitement le personnage de Jackie. Quel talent! Elle tient le film de bout en bout. Pas étonnant que sa filmographie ne cesse de s’allonger depuis son rôle de Padmé Amidala dans Star Wars, 1999.
Si populaire
Le cinéaste fait resurgir la face cachée de l’événement en pleine guerre froide. Les moments de décisions cruciales entre l’attentat et les funérailles. Il ouvre grand la porte de la Maison Blanche (intérieurs reconstitués en France) et rappelle que Jackie Kennedy fut la plus populaire des épouses de présidents américains. Son icône fait revivre la nostalgie d’une époque. Au moment des faits, elle nous appartenait à nous aussi les francophones. De ce côté de l’Atlantique, on l’appelait Jacqueline.
«Jackie» USA, 2017, fiction de Pablo Larrain, 100’ version sous-titrée – Avec Natalie Portman, Peter Sarsgaard, Greta Gerwig et Billy Crudup
Au cinéma d’Oron : ve 3 mars à 20h (1)
Au cinéma du Jorat à Carrouge : ve 10 et sa 11 mars à 20h30