Hommage à Gilbert Sonnay
Martine Thonney | Toute une population a convergé vers le temple de Mézières ce lundi 1er février. Beaucoup de familles paysannes du Jorat et de plus loin, des amoureux des beaux-arts, des amis, des voisins, de simples connaissances ont tenu à rendre hommage à Gilbert Sonnay et à entourer sa famille. Car, Gilbert, on l’aimait et on le respectait, comme le pasteur Nicolas Merminod l’a dit devant un auditoire attentif.
Vétérinaire à Mézières depuis 1951, il connaissait par cœur les lieux-dits et les fermes foraines où il était attendu impatiemment. De jour comme de nuit, semaine comme dimanche, par tous les temps, il prenait la route et il la connaissait comme sa poche. Fin pédagogue, Gilbert Sonnay avait à cœur d’expliquer ce qu’il faisait et donnait de précieux conseils pour le prompt rétablissement du bétail qu’il soignait. Lorsque le travail était terminé, la suite se passait à la cuisine… d’abord en lavant minutieusement ses instruments et ensuite en discutant de l’exploitation bien sûr mais aussi de la santé de la famille entière et des nouvelles en général. Il prenait son temps car il aimait les gens, qui le lui rendaient bien. En arrivant dans le Jorat à l’âge de 26 ans, après quelques mois de stage pratique dans l’est vaudois, Gilbert Sonnay et son épouse Huguette ont dû se créer une clientèle, ne reprenant aucun cabinet déjà existant. Mme Sonnay était la téléphoniste et ils étaient organisés, sans Natel, bien entendu! Connaissant les fermes dans lesquelles son mari opérait, elle le joignait par téléphone pour lui indiquer les urgences où il était attendu… Constatant que le nombre de têtes de bétail était suffisant pour vivre de son art, Gilbert Sonnay acheta une parcelle de terrain à la rue du Théâtre pour y construire sa maison et y planter ces magnifiques arbres que l’on admire encore en passant. Michèle et Jean-François agrandirent la famille en 1952 et en 1954. Grand amoureux des arbres, Gilbert Sonnay aimait se rendre avec la société locale des Amis de la Forêt dans les bois du canton. Là, il associait son goût de la marche à celui de la rencontre et de la découverte de nouveaux lieux. Avec Huguette, ils ont sillonné la Suisse en long et en large, en s’arrêtant pour admirer des paysages et des musées. Ils ont profité de la retraite à fond pour quelques voyages en Europe. Avec la Société des beaux-arts, ils ont assouvi leur goût et leur intérêt pour l’architecture et la peinture. A Mézières, Gilbert Sonnay a fait partie du Conseil communal pendant plusieurs législatures. Il avait du plaisir à rencontrer ses contemporains de 1925. C’est d’ailleurs cette année-là, en août, qu’il est né à Thoune. Ses parents, désirant que leurs enfants fassent leur scolarité en français, ont déménagé en Romandie. Mais la Suisse allemande rattrapa l’étudiant en médecine vétérinaire, puisque les cours au Tierspital ne se donnent toujours qu’à Berne…
La population de ce coin de pays et d’ailleurs se souviendra longtemps de ce monsieur simple et intelligent avec lequel il faisait bon deviser avec humour et élégance.