Transports et autres joies
Il y avait autrefois une ligne de tram reliant gaillardement Lausanne à Moudon, la Ligne du Jorat, dont quelques fameux vestiges subsistent encore place du Tunnel à Lausanne et, sans doute oubliés, aussi dans quelques-uns de nos villages.
C’était une vaillante petite entreprise établie à Mézières qui naquit en 1903 et qui transportait jusqu’à 200 passagers et des marchandises à chaque voyage. Fière de faire le lien entre le Léman et la Broye, elle dut néanmoins faire face aux divers changements dans le monde du transport de marchandises comme de personnes. En 1963, elle fut remplacée par une simple ligne de bus. L’initiative n’en fut pas moins louable; initiée par le «Haut» et en avant-garde de la mobilité actuelle, elle incarnait déjà à son époque ce que les Romains savaient déjà: le maintien d’une harmonie dans une région tient d’abord à des axes de communication vivants.
L’ouverture au monde qu’offre une route, un train ou un bus à une bourgade excentrée n’est plus à prouver: créatrice de centres d’échange de toutes sortes ou connexion directe entre deux hauts lieux, le monde s’en retrouve réduit et… paradoxalement grandi.
Ses corollaires ne sont toutefois pas à négliger. La ville-dortoir ou les bouchons en sont les conséquences les plus directes et palpables; qui voudrait passer des heures dans les embouteillages pour se retrouver le soir dans une bourgade sans vie ?!…
Le problème reste cornélien et diablement dynamique, le moindre changement repousse la solution au carrefour suivant… de quoi se faire des cheveux gris avant de se les arracher!
Quant à savoir si oui ou non, nous donnerons un second tube au Gothard, chacun ira de sa propre expertise urbanistico-écono-géopolitique…Pour mémoire, il semblerait que la construction en 1830 du deuxième Pont du Diable, permettant le passage de bien plus de gens et de marchandises, avait quelque peu changé notre économie locale… mais ça, c’était avant…