SPECIAL 75 ANS
Une feuille de lien née du terrain
Comme évoqué précédemment, c’est en pleine efferve-scence de l’après-guerre, en 1950, que naît Le Courrier de la Broye et du Jorat, l’ancêtre direct du Courrier Lavaux-Oron. A seulement 24 ans, Paul Campiche, imprimeur à Oron-la-Ville, décide de lancer un journal local avec une ambition claire: offrir à la région une voix qui lui soit propre, un média de proximité capable de refléter la vie des villages, des sociétés locales, des artisans, des commerçants et des citoyens. Une presse « à hauteur d’homme », comme on ne le dit pas encore à l’époque, mais qui en pose déjà les fondements. Dans son premier éditorial, publié le 7 décembre 1950, Paul Campiche s’adresse directement à ses lecteurs : « Notre journal est au service de chacun, du particulier, du commerçant, de l’artisan, des sociétés. Il est, en même temps, un facteur important de l’économie régionale. »
Imprimé à ses débuts à Nyon, à l’imprimerie Cherix (jusqu’au 10 février 1955), le journal trouve rapidement sa place dans la région d’Oron, avant de se doter de ses propres presses quelques années plus tard. Très tôt, il devient un lien essentiel entre les habitants et leurs communes, entre les actualités du terrain et les grands mouvements régionaux. On y lit des comptes rendus de séances de Conseils communaux, des annonces de lotos, des naissances, des décès, les résultats des sociétés locales, des récits de fêtes villageoises. En deux mots, tout ce qui constitue l’ADN de la presse locale.
A l’image de nombreuses publications régionales de Suisse romande, le journal s’ancre dans une tradition de service public informel, tissée de proximité, d’écoute et de narration du quotidien. Le mot « proximité », justement, pourrait résumer la vocation de la presse régionale en Suisse romande : combler un vide entre les citoyens et une information qui, à l’époque, leur parvient essentiellement de Lausanne, de Berne ou de Genève, mais rarement de leur propre hameau.
La ligne éditoriale est simple, si l’on peut parler de ligne éditoriale : pas de grands reportages internationaux, pas de politique fédérale, mais une attention constante au tissu local. Cela reste aujourd’hui encore une marque de fabrique du journal. A une époque où l’on ne parle ni de médias numériques ni de réseaux sociaux, c’est à travers ses pages imprimées que la région d’Oron commence à se raconter.
Que signifie encore faire un journal local en 2025 ?
Faire un journal local en 2025, c’est un acte de résistance autant qu’un engagement de proximité. À une époque où l’information circule en continu, souvent désincarnée et globalisée, persister à parler de ce qui se passe à deux rues de chez soi ou dans la commune voisine relève presque de l’artisanat. Et c’est tant mieux.
Cela signifie se lever pour raconter ce que les algorithmes ignorent : un vote communal, une fête d’école, la fermeture d’un commerce, la passion d’un habitant ou la mémoire d’un hameau. C’est donner la parole à ceux qu’on n’interroge plus, rendre visible ce qui ne fait jamais la « une », et refuser que l’attention se limite aux grands centres.
Faire un journal local aujourd’hui, c’est aussi accepter la complexité : celle de la société qui change, des modèles économiques fragiles, de la confiance à regagner. C’est conjuguer numérique et papier, réactivité et rigueur, tout en gardant les deux pieds sur le terrain.
C’est surtout croire encore et peut-être plus que jamais, que l’information de proximité tisse du lien, forge une conscience collective et participe à la vitalité démocratique. D’où cette question que nous avons posée à plusieurs lecteurs tirés au sort : « Que représente, pour vous, la presse locale aujourd’hui ? ».
Paroles de lecteurs
« Pour moi, la presse locale permet de m’informer sur la vie de ma commune et de faire de nouvelles rencontres, comme par exemple en lisant les portraits et autres chroniques, qui me permettent de reconnaître les gens et d’engager la conversation », lectrice d’Oron.
« Récemment, la publicité a pris trop d’ampleur par rapport aux articles qui sont plus légitimes d’après moi », lectrice d’Oron.
« C’est sympa de savoir ce qui se passe autour de chez nous, mais j’avoue avoir peu de temps pour le lire. Nos clients l’apprécient et les photos invitent à la lecture », la Boulangerie Gilles.
« Je le feuillette toutes les semaines. D’ailleurs, c’est le seul journal que je consulte et je le trouve plus intéressant depuis 4 ou 5 ans », Jerry Egandi, lecteur d’Oron.
« Il est clair que je ne m’intéresse pas aux actualités des communes trop loin de chez moi », lecteur d’Oron.
« Je lis également le 20 minutes sur ma tablette, mais il faut avouer que ce n’est pas le même esprit ni la même manière de lire. Car l’information locale est absorbée différemment », lecteur de Puidoux.
« C’est un journal que j’aime bien recevoir, même si au début, nous étions un peu perdu lorsque les infos venaient de Pully ou de Lutry, car c’était notre journal d’Oron avant la création du district Lavaux-Oron », lectrice d’Oron.
« C’est essentiel d’avoir un journal de la région », lecteur de Saint-Saphorin.
« Autrefois, Le Messager était plus intéressant et mieux écrit. Mais je dirais, que le vent a tourné depuis la pandémie », lecteur d’Oron.
« J’aime bien voir ce journal et je le reçois gratuitement, c’est super », lecteur de Lutry.
« Nous n’avons plus qu’un seul journal et c’est Le Courrier », lectrice de Chexbres.
Les grandes étapes du Courrier Lavaux-Oron
1950
Fondation du journal sous le nom Le Courrier de la Broyeet du Jorat, par Paul Campiche, imprimeur à Oron-la-Ville.
Le journal est imprimé à l’imprimerie Cherix, à Nyon.
1955
Le Courrier fait partie intégrale de l’Imprimerie Campiche qui déménage dans les locaux d’un bâtiment au centre d’Oron appelé La Concorde. Ceci permet d’abriter la machine d’impression nécessaire pour imprimer Le Courrier à Oron.
1971
L’Imprimerie Campiche déménage à nouveau et cette foisà la route du Flon, toujours à Oron. Premier tournant technologique important, l’impression se fait avec le procédé dit « offset » qui permet bien plus facilement d’y ajouter des illustrations.
Dès ce déménagement en 1971 adaptation constante des techniques et programmes pour la mise en page.
2004
Décès du fondateur et rédacteur en chef, Paul Campiche. Son fils Olivier Campiche reprend la responsabilité du journal. Plusieurs rédacteurs en chef prennent successivement la direction de la ligne éditoriale.
2007
Réorganisation cantonale : fusion des districts de Lavaux et Oron, le journal adapte sa couverture éditoriale.
Changement de nom : le journal devient Le Courrier, Terre de Lavaux – Pays d’Oron, pour accompagner la réforme cantonale.
L’impression se fait sur rotative journal et toutes les pages sont en couleurs.
2008
Roland Delacour prend la direction du journal. Arrivée de Danielle Bouvier comme rédactrice en chef.
2009
Création du partenariat avec les communes : Ce mode de fonctionnement assure une couverture équilibrée du territoire ainsi qu’un équilibre financier face aux charges de distributions.
2014
Arrivée d’Arvid Ellefsplass, notre rédacteur en chef actuel.
Lancement du site internet le-courrier.ch.
2020
Arrivée du premier stagiaire journaliste à plein temps pour renforcer la rédaction.
Déménagement des bureaux à Forel (Lavaux)
2023
Après l’obtention de son diplôme, Thomas Cramatte devient le premier journaliste RP du Courrier à plein temps.
2024
Élise Dottrens, journaliste reporter d’images rejoint l’équiperédactionnelle comme journaliste RP.