Sans limite
Pierre Jeanneret | Une exposition qui ravira les passionnés de photographie et de montagne
Le Musée de l’Elysée présente une exposition d’environ 300 tirages, dont beaucoup en grand format, entièrement dédiée aux photographies de montagne. C’est une première du genre. Cette présentation revêt un intérêt à la fois historique, symbolique et esthétique. Historique parce que les plus anciens clichés exposés, aux teintes sépias, datent du milieu du XIXe siècle. On s’imagine les difficultés techniques que rencontraient alors les alpinistes-photographes. Auguste-Rosalie Bisson, par exemple, fit en 1862 l’ascension du Mont-Blanc avec pas moins de 250 kilos de matériel! On frémit par ailleurs en voyant l’équipement des montagnards à cette époque: cordes de chanvre, alpenstock, et les dames en longue robe et chapeau… La montagne a aussi une dimension symbolique. Déjà dans les tableaux du XVIIIe siècle, elle représentait un univers inexploré, vierge de toute présence humaine, ce qu’accentuait encore la pure blancheur des glaciers et de la neige.
Les amoureux de la montagne reconnaîtront nombre de sommets qu’ils connaissent, ou qu’ils ont peut-être même gravis: l’Eiger, l’Obergabelhorn, l’Aiguille d’Argentière et bien d’autres. Mais l’image iconique de la montagne reste le Cervin, avec sa forme imposante si particulière. De nombreux tirages lui sont donc consacrés. L’aspect esthétique n’est pas négligé par l’exposition. On remarquera notamment la superbe photo de Maurice Schobinger, «Face à face» (2015), où le spectateur est en effet confronté à une face quasi verticale de la Lenzspitze. Nous avons beaucoup aimé aussi le travail de Jacques Pugin, qui dans une des rares photos en couleurs, confronte les bleus et le blanc autour du glacier d’Aletsch. Dans une autre photo, le même artiste utilise une technique qui rejoint le pointillisme des peintres Seurat et Signac. Mais bien d’autres créateurs – dont certains célèbres et quelques-uns anonymes – sont à découvrir. Enfin une salle projette des clichés en stéréoscopie, à voir avec des lunettes spéciales, ce qui donne l’impression bluffante de la troisième dimension.
«Sans limite. Photographies de montagne» Lausanne, Musée de l’Elysée, jusqu’au 30 avril.