La petite histoire des mots
Chance

La saison des lotos est de retour et, avec elle, les panneaux fleurissent dans nos communes pour nous inciter à tenter notre « chance » pour gagner des paniers de victuailles, des bons de voyages, voire des prix en « cash ». Voilà qui nous amène au mot « chance », assez indéfinissable dans la mesure où chacun se fait sa propre idée de sa bonne ou de sa mauvaise fortune et des raisons, souvent irrationnelles, qui en sont la cause.
Le dictionnaire nous en donne la définition suivante : « Fortune ; Sort favorable ; Hasard et Probabilité qu’un évènement se produise ».
La philosophie va plus loin et nous livre trois « types de chance » : la « chance circonstancielle » qui consiste à être au bon endroit au bon moment ; la « chance de résultat », comme survivre à un accident qui aurait pu nous être fatal, ainsi que la « chance constitutionnelle » qui, par exemple, nous fait naître dans contexte historique ou géographique favorable, dans une famille aisée ou avec une hérédité avantageuse. La notion de « chance » soulève aussi des questions morales, car elle implique une appréciation de nos actions basée sur des événements qui nous ne contrôlons pas.
L’étymologie de « chance » est assez inattendue : ce mot nous vient du latin populaire « cadentia » qui désigne quelque chose « qui tombe ». « Cadentia » est le participe présent pluriel du verbe « cadere » qui veut dire « tomber ». Ce terme faisait référence à la manière dont les dés ou les osselets tombaient dans les jeux de hasard dont les Romains étaient de très grands amateurs.
Ce mot s’est ensuite métamorphosé puis a évolué pour désigner le hasard en général, puis le hasard heureux en particulier. En vieux français, au début du XIIe siècle, on le trouve sous la forme « caanche » pour observer la chute des dès, mais aussi sous la forme « chaance » pour évoquer la manière, généralement favorable, dont peut tourner un évènement. Le mot « malechance » apparaît un peu plus tard par l’adjonction du latin « male », le féminin de « mal ».
La statistique s’oppose souvent à la « chance ». Elle nous enseigne, par exemple, que nous avons une « chance » sur plus de 139 millions de gagner le gros lot de l’Euromillion. A titre de comparaison, lors d’un voyage en avion, le risque de s’écraser était estimé, l’année dernière, à environ une « chance » sur 11 millions. Ce qui ne nous empêche pas, dans un cas comme dans l’autre, de jouer et de voyager.
Dans la plupart de nos kiosques, et dans d’autres commerces, sous la vitrine où sont exposés les « jeux à gratter », figure le slogan suivant : « C’est peut-être votre jour de chance ».
Expérience faite, les jours passent… Mais la chance trépasse !


