La petite histoire des mots
Loto

Alors que la saison des lotos bat son plein dans les cantons de Vaud, Fribourg, Valais et Neuchâtel, nous allons nous pencher cette semaine sur l’origine de ce mot, devenu si banal. Inutile de préciser que le terme « loto » désigne un jeu de hasard dont le but est de compléter une grille de chiffres et de nombres. Ces numéros sont gravés sur des boules ou des jetons qui sont tirés de façon aléatoire.
Le jeu de loto aurait été inventé en Italie au XVIe siècle par un Gênois du nom de Benedetto Gentille. Il aurait tout simplement adapté en jeu le mode de renouvellement, par tirage au sort, des membres du « Serenissimo Collegio », le gouvernement de la ville. Il l’aurait baptisé « seminario » du nom de l’urne dans laquelle étaient déposés les numéros correspondant aux noms des 90 candidats appelés à composer le collège exécutif..
Lorsque sa pratique se répandit en Italie, ce jeu prit divers noms, dont celui de « lotto » qui était celui d’un impôt extraordinaire, introduit à Florence en 1530, et dont la perception se faisait par tirage au sort. Il aurait été introduit en France par le roi François Ier pendant ou à l’issue de ses campagnes italiennes.
Le mot « lotto », devenu « loto » en français, est cependant d’origine germanique et non italienne. C’est en effet à Bruges au XVe siècle que seraient apparues les premières loteries. Une loterie est distincte du loto. Elle distribue des lots à des gagnants sélectionnés au hasard grâce à un tirage effectué parmi les joueurs ayant payé une mise de départ. En néerlandais, ces jeux de hasard étaient appelées « loterij ». Ce terme est un dérivé du vieil allemand « hlauts » qui avait le sens de « sort ». Il a donné l’allemand moderne « Los », ainsi que l’italien « lotto » qui signifient « lot ».
Lorsque les joueurs de loto remplissent une ligne entière, autrement dit les cinq cases qui la constituent, ils doivent crier « quine ». Ce terme est en usage en Suisse romande, mais aussi dans le midi de la France. Si l’on en croit Le Petit Robert, le mot « quines » apparaît au pluriel au XIIe siècle, bien avant l’invention du loto. Il est issu du latin « quinas », accusatif féminin pluriel de « quini », qui voulait dire « cinq chacun ».
Le mot « carton », hurlé parfois hystériquement lorsque toutes les cases sont remplies, a lui aussi été emprunté à l’italien. Au XVIe siècle, le terme « cartone » désignait un dessin réalisé sur un papier très épais servant de modèle pour l’exécution d’une fresque ou d’une tapisserie.
Notons enfin que dans les pays anglo-saxons, le loto s’appelle « bingo ». Aux Etats-Unis, autrefois, les joueurs avaient l’habitude d’utiliser des petits haricots (en anglais bean) pour recouvrir les numéros tirés au sort. Lorsque leur grille était complète, ils criaient « beano ». Ce mot s’est progressivement transformé en « bingo ». En français, l’interjection « bingo » exprime la joie lors d’un succès ou d’une bonne surprise.