La petite histoire des mots
Mausolée
La justice argentine a tranché : la dépouille de Diego Maradona, icône du football argentin, pourra bientôt reposer dans un mausolée, érigé dans un quartier central de Buenos Aires. Ce véritable « temple », voulu par ses enfants, deviendra à coup sûr un lieu de pèlerinage très couru, dans un pays où existe déjà une « Eglise maradonienne » (en espagnol « Iglesia Maradoniana »), un mouvement religieux, créé en 1998, entièrement voué au culte de l’ancien footballeur, hissé au rang d’idole bienfaisante.
Le mot « mausolée » désigne un monument funéraire de très grande taille. Contrairement au cénotaphe, qui est un monument élevé à la mémoire d’une personne ou d’un groupe de personnes, il contient bel et bien le corps du défunt. Ce terme est issu d’un nom propre antique, celui de Mausole.
Sous l’empire perse, au IVe siècle av. J.-C, Mausole (Maúsôlos en grec ancien) était le satrape, autrement dit le gouverneur de la province de Carie, en Asie mineure. Il installa sa capitale dans la ville grecque d’Halicarnasse, aujourd’hui Bodrum en Turquie, en face de l’île de Cos, qui comme toutes les cités grecques situées sur le continent asiatique était, en ce temps-là, soumise au Grand Roi. Lorsqu’il mourut, en 353 av. J.-C, sa femme, qui était aussi sa sœur, et qui lui succéda sous le nom d’Artémise II, fit venir les plus grands artistes grecs de l’époque pour bâtir et décorer son tombeau.
Une fois érigé, le mausolée d’Halicarnasse, haut de 45 mètres, avec ses 36 colonnes supportant un toit pyramidal au sommet duquel se trouvait un quadrige en marbre, fut considéré comme la cinquième des Sept Merveilles du monde antique. Il fut appelé « Mausốleion » par les Grecs (Tombeau de Mausole). Ce mot devint « Mausoleum » chez les Romains dans le sens de « tombeau magnifique ». Dans la littérature française, ce terme apparut dès le milieu du XVe siècle.
Le mausolée d’Halicarnasse resta en bon état jusqu’au XIIe siècle. Il fut cependant fragilisé par plusieurs tremblements de terre et commença à tomber en ruines. A la fin du Moyen- Âge, il servit de carrière pour construire les maisons des alentours, ainsi que le château Saint-Pierre bâti par les chevaliers Hospitaliers qui contrôlaient la région au XVe siècle. Le château est construit sur l’acropole de l’ancienne Halicarnasse. Il domine aujourd’hui le port de Bodrum qui est un site touristique très fréquenté.
De nos jours, le titre de plus beau mausolée du monde revient au Taj Mahal, éblouissant monument funéraire de marbre blanc, édifiée entre 1631 et 1648 à Agra, en Inde, sur l’ordre de l’empereur moghol Shah Jahan pour perpétuer le souvenir de son épouse favorite. C’est un chef-d’œuvre universellement admiré.
Il est peu probable que le mausolée de Maradona soit d’aussi bon goût. Mais il entrera certainement dans l’histoire comme le premier à accueillir une divinité du ballon rond.