Jouer par évitement s’appelle rugby-champagne !
Le rugby féminin connaît un engouement ces dernières années au même titre que le football féminin. Certains trouvent même que ce sport pratiqué par des filles est beaucoup plus subtil, plus réfléchi.
Monique Misiego | Au niveau technique, les filles peuvent jouer avec les garçons jusqu’à 15 ans, puis sont obligées de ne jouer qu’entre elles. Les règles sont exactement les mêmes que pour les garçons contrairement à d’autres sports comme le tennis par exemple où les filles jouent en trois sets à la place de 5. Il existe un règlement des moins de 19 ans qui est valable pour les deux genres. Pour les filles, la poussée se fait sur 1,50m alors que pour les garçons la distance est indéterminée.
Il existe une douzaine d’équipes au niveau national qui sont réparties dans deux ligues, ligue A et ligue B. A noter que la ligue B est apparue cette année pour mieux répartir les équipes créées dernièrement. Il y en avait 6 au début, le chiffre a déjà doublé et 3 équipes sont en création. Les filles ne peuvent faire partie de l’équipe nationale qu’à partir de 18 ans, sauf accord parental ou accord écrit d’un médecin si une fille présente des aptitudes hors du commun. Au niveau de l’équipe de Palézieux, cette équipe féminine s’est regroupée avec Monthey et Nyon en ce qui concerne les matches.
A leur rencontre
Je suis allée à leur rencontre lors d’un entraînement à Palézieux. J’y ai rencontré 10 filles, Elora, Constance, Elyse, Paula, Julie, Emma, Stella, Catherine, Aurore, Louane, d’une moyenne d’âge de 18 ans, toutes souriantes et dynamiques. Elles n’ont pas la corpulence d’un camionneur, loin de là. Certaines sont même petites et fluettes. Ce qui prouve que ce sport n’est pas seulement pratiqué avec la force. Quand je leur demande comment elles sont arrivées au rugby, certaines me disent que c’est par leurs parents qui le pratiquaient déjà, d’autres par une sœur, une me raconte que son père avait vu une affiche et voulait y inscrire son frère. Elle a manifesté son intérêt qu’elle avait depuis longtemps pour ce sport et son père a accepté.
Quand je leur demande si elles subissent des moqueries de la part de leurs camarades, elles me répondent que non. Elles doivent plutôt casser les préjugés en place, à savoir qu’il y a des sports pour les filles et d’autres pour les garçons mais qu’en général ça se passe bien. D’autres ont rencontré des sceptiques qui ne croient pas au premier abord qu’elles font du rugby vu leur petite taille ou leur minceur. Mais elles me donnent clairement l’impression d’être passionnées et de se moquer de ce que pensent les autres.
Se sentent concernées
par le climat
Pour essayer d’élargir un peu le débat, je leur parle de la grève du climat. Toutes se sentent concernées, à plusieurs niveaux. Certaines ont participé à cette manifestation, d’autres l’ont suivie de loin. Elles sont conscientes comme tous les jeunes qu’il faut changer nos habitudes de consommation et réduire notre empreinte carbone. Là où je suis restée bouche bée, c’est quand plusieurs d’entre elles m’ont dit qu’elles se sentaient responsables en tant que jeunes de la détérioration de notre planète car ce sont les jeunes qui profitent de toutes les nouvelles technologies qui polluent gravement. Elles ne s’en prennent pas aux générations d’avant, elles assument et sont prêtes à mettre en place des mesures d’économie pour le climat.
Comme nous étions en confiance, je leur ai aussi demandé leur avis sur la situation de la femme dans notre société et la grève des femmes prévue le 14 juin. La plupart étaient au courant, elles sont pour, en premier lieu pour une égalité salariale, pour le partage des tâches. Quand je leur demande si elles se sentent harcelées dans la rue en tant que filles, elles ne se sentent pas forcément persécutées. Je sens peut-être un décalage entre le fait de vivre à la campagne ou à la ville. Dans le sens qu’à la campagne, les gens se connaissent plus et se respectent.
Lors de l’entretien que j’ai eu ensuite avec Mikael Cavin, président de l’école de rugby et Sylvie Albertoni, responsable technique de l’équipe féminine, les deux me soulignent que le rugby est d’abord un sport d’évitement et non d’affrontement. Cette manière de jouer par évitement s’appelle d’ailleurs rugby-champagne. Cette pratique de la Nouvelle-Zélande qui prône en premier l’évitement commence à se répandre dans plusieurs pays, notamment en Suisse. Voir un match des All-Blacks vous fera comprendre la subtilité qui existe entre ces deux façons de pratiquer. Pour ce qui est de la France, Mikael Cavin souligne que le jeu français fait beaucoup trop de blessés, ce qui met fatalement en péril une équipe pour la saison si plusieurs bons joueurs sont absents en même temps. Il essaye d’appliquer dans cette école de rugby la pratique de l’évitement qui est plus basée sur la technique que sur la force. Il parle de l’éventualité d’interdire les plaquages avant 16 ans. En arrivant à cet entretien, je suis passée par les terrains et j’ai vu des petits bouts de chou tout appliqués à l’entraînement. L’âge pour adhérer à l’école de rugby est de 5 ans. Ils s’appellent d’ailleurs les taurillons.
Je ne peux que vous encourager à passer les voir lors du tournoi du 30 mars (voir article ci-dessous) et lors du match des filles à Chavannes le 31 mars à 12h30.
Pour tout renseignement
Président: Yan Knöpfli 079 767 61 18
Ecole de rugby: président:
Mikael Cavin 079 638 68 52
Marina Beaud 079 297 11 75
Responsable équipe féminine:
Sylvie Albertoni 076 472 98 83
FB : Rugby Club Haute-Broye RCHB