Fable
Je suis jeune depuis longtemps. Je suis un boomer. Ce qui me permet de rappeler Bob Woodward et Carl Bernstein qui, avec leur enquête sur le Watergate, avaient fait sombrer le président Richard Nixon. Une enquête parue dans le Washington Post… Organe de presse iconique jusqu’à vendredi dernier.
Ce jour funeste, Jeff Bezos, propriétaire du titre (entre autres intérêts), interdit la publication d’articleas de soutien à la candidate démocrate Kamala Harris. Une position aussitôt reprise par le New York Times, déjà connu pour sa frilosité envers les dessins de presse et les ravages potentiels de l’humour sur leur lectorat.
Une stratégie purement commerciale de protection de la chèvre et du chou, mais surtout du chou… qui pousse sans bêler.
Une claque à la liberté d’opinion, qui plus est chez un panel de plumitifs particulièrement bien informés. Une fermeture de canaux aux sources vérifiées, et le champ libre aux réseaux asociaux ravageurs. La mort de l’esprit analytique.
En cause, le futur pouvoir d’un seul, l’espoir du retour du Roi et… la peur de déplaire.
Cette attitude est généralisée, mondialisée. Nous connaissons tous le nom des dignitaires qui règnent en autocratie ; qui à la tête d’une nation qui à la tête d’un conglomérat mondial.
Cet Homme providentiel serait garant de nos libertés. Seigneur bienveillant régnant sur nos terres en nous protégeant des affreux, barbares sanguinaires qui nous volent nos femmes et mangent notre pain, ou l’inverse. Promesse d’une marche arrière vers un nouveau Moyen Âge.
Si cet âge sombre nous a certes laissé d’innombrables contes et mythes oniriques vantant les mérites de femmes et d’hommes aux nobles valeurs, n’oublions pas que notre bon sens répugne à voir une tête qui dépasse. Nos voisins, eux, la coupaient.