La fondation Terre des hommes organise un événement au cinéma de Chexbres ce samedi 4 novembre. A cette occasion sera projeté le très beau film nicaraguayen « La hija de todas las rabias » de Laura Baumeister.

Jouer dans les déchets

Créée en 1960, la fondation Terre des hommes s’engage à protéger la vie des enfants et leurs droits. Le film projeté samedi aborde cette question en illustrant le quotidien de Maria, qui vit dans la plus grande décharge du Nicaragua, « La Chureca », seule avec sa mère. Pour survivre, le duo élève des chiens pour les revendre et récupère des métaux en fouillant la décharge. Lorsque leur situation déjà difficile se complique encore, Lilibeth emmène sa fille chez un homme qui dirige un centre de tri dans lequel travaillent des enfants. La hija de todas las rabias devient ainsi une histoire d’abandon, dans laquelle des enfants sans parents se retrouvent à jouer ensemble au milieu des déchets.

Sans repères

Bien décidée à retrouver sa mère, la petite fille se met seule en route vers « la plantation », lieu où sa mère a probablement été. L’histoire se teinte ainsi de récit initiatique : Maria nage, marche, court, prend le bus bleu qui relie l’extérieur de la plantation à son centre. La petite fille n’a peur de rien, la rage dans les veines alors que les adultes dont elle croise le chemin s’inquiètent. Elle trace sa route dans un espace que l’on peine à définir, comme si le film nous plaçait à hauteur d’enfant. Difficile en effet de comprendre là où l’a emmenée sa mère lors de son abandon, tout comme il est difficile pour Maria de déceler où est sa mère, sans points de repères. Le monde dans lequel se déploie le film semble dès lors aussi infini que circonscrit dans celui de la plantation, relayant un regard d’enfant sur le monde. Cette perception de l’espace et relayée par celle du songe, puisque l’on plonge ensuite dans les rêves de Maria, au sein desquels elle voit sa mère et lui parle, comme pour tenter de réparer quelque chose de la trahison qui la ronge. 

La hija de todas las rabias deLaura Baumeister de Montis, 2022