Une voix s’est tue
Martine Thonney | De superbes airs d’opéra ont fait écho aux propos de la pasteure, Mme Maillard, de Morges, pour la célébration d’adieux à Pierre Grin. Mardi 17 mars, une assemblée émue se rendait au temple du village. La tristesse était là et les visages des disparus de ces dernières semaines se superposaient inévitablement.
Pierre Grin allait fêter son 85e anniversaire en juin. Plein d’allant, il aimait par-dessus tout marcher, admirer la nature, suivre les matchs de tennis et de foot et s’occuper de son jardin. C’est d’ailleurs en taillant ses arbres qu’il est tombé et, héliporté au CHUV, ne s’est pas relevé. Bien sûr, sa famille lui répétait qu’il n’était pas sage de se livrer à un tel ouvrage mais l’envie était la plus forte.
Né à Lucens, il était le benjamin après deux frères et sept sœurs. Leur maman est décédée lorsque Pierre avait sept ans; le jeune enfant devenu adulte n’a pas oublié cette perte douloureuse. Le papa était chef de gare dans la localité et les voyages en train restaient un plaisir pour Pierre. La famille comptait beaucoup de musiciens. Pierre, lui, aimait chanter. Il étudia alors l’art choral à l’Institut de Ribaupierre à Lausanne, puis s’en alla à Paris. Il fit partie d’une troupe sillonnant le pays. De retour en Suisse, il prêta sa voix de ténor au Chœur de l’Opéra de Genève. C’est aussi à ce moment qu’il rencontra Colette qui devint sa femme. Après avoir habité à Lausanne, ils achetèrent en 1973 leur maison actuelle que la famille Wegmüller mettait en vente. Deux fils y sont nés, Yves-Noël puis Olivier. C’est dès ce moment que Pierre Grin prit le parti de chanter pour sa famille, ses amis et connaissances et s’investit énormément pour ses deux fils. Dans l’hommage, lors du culte de mardi, ces derniers ont relevé les souvenirs lumineux qu’ils gardent des épisodes avec leur papa. Il travailla alors dans le secteur vente du garage Amag.
Pour l’homme aimant la simplicité, un bon plat de roestis avec une saucisse valait tout l’or du monde! Bien que vendeur de voitures souvent prestigieuses, il ne possédait pour lui qu’une simple auto qui emmenait ses proches dans des coins merveilleux. Le souci d’honnêteté, d’économie lui avait été inculqué et il avait à cœur de le transmettre; la famille était essentielle, lui qui avait souffert de la perte de sa maman. Maintenant, ses deux petits-enfants lui étaient chers. Lors de ses fréquentes balades, il aimait partager deux mots avec les personnes qu’il rencontrait.
Sa belle voix s’est tue mais les airs éternels qu’il chantait et qu’il appréciait seront là, entre autres signes, pour maintenir son souvenir.