Une nouvelle vinification de Chasselas voit le jour à Grandvaux: Le Paradoxe
par JPG | C’est au Domaine Croix Duplex à Grandvaux que presse, professionnels de la vigne et de la gastronomie et amis avaient rendez-vous avec Maude et Simon Vogel, le 11 mars dernier. Alors qu’une légère brume escamotait le lac et la Savoie, ces jeunes vignerons levaient le voile sur une spécialité de Chasselas issue d’une vinification particulière ayant pour nom Paradoxe. En amont, il y a une sélection rigoureuse des raisins des plus vieilles vignes, soit issues de ceps d’une trentaine d’années, et sur lesquels ne sont vendangées que les grappes à pleine maturité. Le tout est cultivé en «bio traitement». Seuls les millésimes permettant d’obtenir environ 90 degrés Oechslé sont élevés, évitant toute chaptalisation pour n’avoir que du sucre naturel.
Après une première fermentation, ce moût de Chasselas est stabilisé, le privant ainsi de la fermentation malo-lactique. Parti d’une idée un peu saugrenue à l’issue d’une soirée entre amis, non sans avoir étudié les effets de la suppression de cette seconde fermentation, c’est un cru qui présente une grande fraîcheur aromatique avec des fruits frais, d’agrumes. Il a un côté fruité plus prononcé qu’un Chasselas courant. Grâce à une acidité légèrement plus soutenue que celle d’un vin traditionnel, le Paradoxe présente un meilleur potentiel de garde. La «recette miracle» concoctée par Maude et Simon Vogel, en font un vin gastronomique. Ses arômes sont décuplés grâce à son élevage sur lie pendant 8 à 10 mois, avant d’être filtré et mis sous verre. Il restera encore 6 mois en cave avant d’être commercialisé pour que ses arômes soient en totale harmonie à la première dégustation.
Cette «recette miracle», selon les dégustateurs et fins palais présents, a tenu ses promesses au moment de savourer un 2012, 2011 et même un 2008 qui était la première vinification de ce genre. Avis aux amateurs, vu les conditions drastiques de récolte et d’élevage, il n’y aura pas de 2013, les conditions météorologiques et sanitaires rencontrées ne le permettant pas.
Historique du Domaine Croix Duplex
C’est le grand-père de Simon et Maude, Samuel Vogel qui, en 1929, est tombé amoureux de Lavaux, quittant la région de Wangen an der Aare pour s’établir à Grandvaux. Il y construit sa maison puis une cave et s’applique en autodidacte à devenir vigneron, abandonnant son activité d’ingénieur en hydraulique. Il lui faudra 25 ans pour vivre de sa passion: la vigne et le vin. En 1947, il réalise un subtil assemblage de vins blancs, «Les Fleurettes». A relever que celui-là vient d’obtenir une médaille d’or aux dernières Vinalies de Paris. De ses 7 enfants, seul Jean collaborera et lui succédera en 1973, améliorant considérablement les soins apportés au vignoble et à la qualité des vins. Avec son épouse Marlyse, ils travaillent d’arrache-pied pour développer l’entreprise familiale. Le couple passe alors le flambeau à leurs enfants Maude et Simon le 1er juillet 2012 et l’entreprise familiale du «Domaine Croix Duplex» est renommée.
Si en 1973, le domaine comprenait 3 ha de vignes, à ce jour c’est la production de 30 ha qui est encavée. Leur provenance est de Lavaux bien sûr, du Nord vaudois, du Chablais ainsi que du Valais. Bien que considérablement développée, l’entreprise reste crochée à des valeurs fondamentalement humaines empreintes de philosophie familiale.
Actuellement la nouvelle génération cultive 26 vins issus du Domaine. L’espace dégustation avec sa grande terrasse offre une vue exceptionnelle aux visiteurs qui sont accueillis du lundi au vendredi de 10h à 18h et le samedi de 10h à 15h.
Pour plus d’informations: www.croix-duplex.ch
Lavaux au patrimoine mondial de l’Unesco
Cette découverte a été précédée d’un plaidoyer d’Emmanuel Estoppey, Monsieur Unesco-Lavaux, pour le site dont il est le gestionnaire. Il a relevé l’importance du dynamisme de tels vignerons pour la conservation de ce patrimoine vieux de plus de 800 ans. Cette évolution contribue à la conservation de ces vignes en terrasse qui ne perdent pas de surfaces, contrairement à d’autres régions. C’est ce dynamisme et l’accueil des hôtes qui contribuera à leur pérennité. L’«œnotourisme» est en marche!