Un félin de saison
Luc Grandsimon | Cette semaine, l’animal dont nous allons parler est, nous pouvons le dire, de saison. La panthère des neiges (Panthera uncia), appelée aussi léopard des neiges, once ou encore Irbis est un félin pouvant atteindre les 2 mètres de longueur (queue comprise) pour un poids allant jusqu’à 55 kg. «Nous avons actuellement un couple, arrivé en 2010. Ils ont eu une naissance le 2 juin 2012. Le mâle s’appelle Altaï et vient du Zoo de Berlin. La femelle vient de Finlande, du Zoo d’Ähtäri, et se nomme Milla. La petite femelle qui est née porte le nom de Talia, nous explique le directeur du Zoo de Servion, Roland Bulliard.
Un habitat glacial
Cet animal vit dans l’Himalaya, la Sibérie et l’Altaï
à une altitude entre 2700 et 6000 mètres en été et 1000 mètres en hiver. «Son aire de répartition s’étend sur
12 pays: Afghanistan, Bhoutan, Chine, Inde, Kazakhstan, République Kirghize, Mongolie, Népal, Pakistan, Russie, Tadjikistan et Ouzbékistan. Son pelage blanc parsemé de motifs gris foncé à noirs, et de rosettes, est extrêmement long et épais ce qui le protège du froid. Les coussinets de ses grosses pattes sont aussi pourvus de poils. En raison de sa situation géographique, il est difficile à observer en milieu naturel, sans compter que sa zone d’habitation est d’environ 1’230’000 km², soit quasiment la grandeur du Texas. Son régime alimentaire va du bouquetin au sanglier en passant par de petites proies comme le lièvre ou la marmotte. Son régime alimentaire est lié à son lieu de vie. C’est un chasseur diurne et crépusculaire. Ses yeux peuvent très bien distinguer une proie ou un danger dans l’obscurité. Sa détente est impressionnante; il peut faire des bonds de 15 m !»
Un animal solitaire
Les panthères des neiges se mettent en couple uniquement durant la saison de reproduction entre fin janvier et mars. Le temps de gestation est compris entre 90 et 100 jours. La femelle donne naissance à des portées allant de 1 à 5 petits. Ils naissent à moitié aveugles et ce n’est qu’au bout d’une semaine qu’ils voient. Ils peuvent se nourrir de viande à partir de
2 mois. La mère élève seule ses petits et va changer d’endroit toutes les trois semaines afin d’éviter que d’éventuels prédateurs s’en prennent à ses petits quand elle part chasser. «Jusqu’à leur maturité sexuelle qui est à peu près à
2 ans, la mère tolère ses petits. Elle les chassera après. A Servion, le mâle n’avait pas le droit d’approcher le bâtiment dans lequel se trouvait la petite Talia; la mère gardait farouchement l’entrée.»
«Le but d’un zoo est de préserver les espèces animales»
Il est estimé entre 3500 et 7000, le nombre de panthères des neiges en milieu naturel. Comme il est difficile de les observer, il est de ce fait impossible de les quantifier avec justesse. La panthère des neiges figure en annexe 1, elle est donc considérée comme une espèce en danger d’extinction sur l’échelle de l’UICN. Sa fourrure est très prisée et la médecine chinoise donne à ses os des vertus thérapeutiques. Le territoire de la panthère a aussi diminué, ce qui l’oblige à vivre plus haut dans la montagne. Ses proies sont en forte diminution du fait de la chasse des autochtones. «C’était un rêve pour le parc de posséder un couple de ces magnifiques félins. Une partie de la construction du parc où ils habitent a été possible grâce au soutien de la Coop. Cette espèce fait partie de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction). Quand vous importez des animaux inscrits dans la CITES, il faut les présenter au bureau CITES à Berne. Quand nous y sommes allés, ils avaient oublié le rendez-vous et n’ont pas pu contrôler la panthère! Du coup, ils sont venus sur place, car je ne voulais pas la remettre dans une caisse de transport pour la leur présenter. C’est surtout un examen visuel pour constater que c’est le bon animal déclaré sur les papiers et qu’il est en pleine forme. Aller chercher des animaux comme Altaï, c’est beaucoup de stress à gérer, car c’est 1000 km de trajet avec les horaires de la douane à respecter. Ce qui était amusant, c’est que l’ancien parc d’Altaï, le mâle, était complètement fermé dessus. Du coup, quand il est sorti pour la première fois de son parc, il n’arrêtait pas de regarder le ciel car chez nous il est ouvert, et je me demandais à quoi il pensait. Le parc d’où venait Milla était sensiblement identique au nôtre; elle n’a pas eu ce comportement à son arrivée. La petite Talia devrait partir fin février pour un zoo aux Etats-Unis.»