Un dernier «coup de gueule» avant le premier coup de pioche !
François Gilliéron, ancien syndic de Mézières | A quelques semaines d’un éventuel début des travaux à Servion, c’est le tout dernier moment pour tenter de changer ce qui va devenir une catastrophe pour notre région. Il est important à mes yeux que la population prenne enfin connaissance de ce projet à plusieurs dizaines de millions, qui ne répond pas aux demandes des sociétés régionales sportives et culturelles et sans vision à long terme.
Le peuple vaudois a accepté la LEO (Loi sur l’enseignement obligatoire).
L’adoption de cette loi déclenche tous ces grands projets scolaires à travers le canton impliquant des investissements de plusieurs dizaines de millions.
Pour notre région, la première étude date de 2008. C’est un groupe de travail de l’AIESM (Association intercommunale des établissements scolaires de Mézières et environs). La proposition faite à l’époque était de regrouper le secondaire à Moudon. Les communes du Jorat s’y sont opposées et ont souhaité un regroupement de tous les élèves sur Mézières. Le 7 décembre 2011 le groupe de travail proposait le rapprochement de l’AIESM et des établissements de Savigny et de Forel avec la construction de classes sur deux sites: à Carrouge et à Servion. Un conseiller communal de Corcelles-le-Jorat et moi-même avions déjà soulevé le problème évident des surcoûts.
Ensuite, tout s’est déroulé très rapidement: constitution de l’ASIJ (Association scolaire intercommunale du Jorat); nomination du comité directeur et de son législatif; mise en route des divers projets; fixation par les conseils du plafond d’endettement pour la législature (40 mio).
La synergie des infrastructures sportives scolaires et associatives sur un site permettrait une économie de plusieurs millions. Une lettre de la Municipalité de Mézières allant dans ce sens a d’ailleurs été envoyée au groupe de travail en août 2012. Lettre à laquelle nous n’avons jamais obtenu de réponse. De son côté, le Conseil communal de Mézières, en mai 2013, acceptait à l’unanimité de mettre à disposition les parcelles (toutes communales) pour l’étude du projet sur un site.
En 2013 également, entouré de quelques personnes favorables au site unique et concernées par les sports, nous avons créé le CSSJ (Centre scolaire et sportif du Jorat: www.cssj.ch). Nous avons ainsi obtenu de l’ASIJ qu’une étude neutre soit réalisée. L’étude (partisane) a favorisé les deux sites avec comme argument principal une économie des frais de transports (83’000 francs/an) alors qu’elle ne mentionne pas la différence des coûts de construction favorable à un site (estimée à plus de 130’000 francs/an).
Lors de la visite des trois sites, organisée par l’ASIJ le 18 janvier 2014 à Carrouge, Mézières et Servion, j’ai eu la confirmation que le projet sur deux sites ne serait pas remis en cause, le syndic de Servion déclarant: «Je ne veux pas perdre mes classes».
Le 29 janvier 2014, le législatif de l’ASIJ validait le projet sur deux sites.
La mise à l’enquête publique du collège de Servion en mai dernier révèle un changement significatif du projet et des coûts (de 6,1 millions à plus de 17 millions).
Aujourd’hui, le site principal de Carrouge est complètement bloqué, à Servion les coûts ont plus que doublé, plusieurs membres de l’ASIJ craignent une perte de contrôle du projet global et relèvent un déficit d’informations.
Les principaux responsables de ce fiasco prévisible sont:
– La DGEO (Direction générale de l’enseignement obligatoire) qui n’aurait jamais dû accepter un projet sur deux sites si proches. Cela ne respecte pas la volonté du législateur.
– Servion, principalement son syndic, qui a toujours voulu favoriser sa commune. Alors que pour d’autres projets régionaux, il demandait systématiquement plusieurs variantes afin de bien cerner les coûts. Pour les collèges, dépenser 6 à 8 millions supplémentaires ne le perturbe pas.
– L’ASIJ, pour son choix d’ignorer les sociétés locales. Elle a toujours affirmé qu’elle ne devait s’occuper que des écoles et de rien d’autre. Je rappelle quand même que c’est avec l’argent du citoyen que sont financées les infrastructures scolaires et sportives.
– L’ASIJ, qui met en avant tout le travail effectué pour les jeunes par le corps enseignant. C’est juste, mais si l’école obligatoire s’occupe des jeunes de 4 à 15 ans, les sociétés sportives et culturelles s’en occupent également, même au-delà de la scolarité.
– Le comité directeur de l’ASIJ qui n’a pas respecté le préavis accepté par les conseils, principalement le point «synergies avec d’autres infrastructures». Ailleurs dans le canton cela a été fait, mais pas chez nous, pourquoi ?
– Le comité directeur de l’ASIJ qui, par sa manière de «saucissonner» le projet, va mettre devant le fait accompli les conseils. Ces derniers n’auront d’autres choix que d’accepter l’augmentation du plafond d’endettement d’environ 20 millions supplémentaires sans broncher.
Alors maintenant que faire ?
Pouvons-nous changer la donne pendant qu’il est encore temps ?
Pour moi oui car le premier coup de pioche n’a pas encore été donné !
Ne passons pas à côté d’un projet visionnaire et d’envergure qui regroupe les écoles, un centre sportif et qui permettra d’autres extensions (piscine par exemple).
C’est pourquoi je souhaite et demande à chaque citoyen de sensibiliser les élus des 11 communes afin de refuser les investissements prévus sur le site de Servion et revoir le projet dans son ensemble.
C’est aussi l’avenir pour plusieurs décennies de notre région qui est en jeu.
Un courrier a aussi été adressé le 9 juin aux 342 conseillers des 11 communes membres de l’ASIJ afin que le débat puisse avoir lieu. Il est disponible sur la rubrique dernières nouvelles du site www.cssj.ch