Tracasseries en Lavaux, la clé de l’énigme
Michel Dentan | Depuis quelques semaines nous entendons parler de mystérieuses préparations d’engins mécanisés dans la région de Lavaux. Drones d’un nouveau genre? Nouvelles armes secrètes? Canons anti-grêle nouvelle génération? Notre rédaction a voulu en savoir un peu plus et a lancé ses envoyés spéciaux sur les traces de ces rumeurs. Enquête difficile, même si nous avons pu apprendre que les constructeurs de ces mystérieuses machines étaient pour la plupart des vignerons de nos contrées. Mais le secret était bien gardé et les tentatives d’en connaître un peu plus se sont heurtées à une véritable omerta, chacun gardant soigneuse-
ment et jalousement le silence sur ses énigmatiques préparatifs.
Une piste
Lors d’un passage dans une cave du centre du village de Rivaz, un premier indice a pu être découvert, en l’occurrence un carton découpé en forme de roue (photo). Poursuivant les recherches, nous avons enfin pu apercevoir, dissimulé sous une bâche, un engin dont l’une des parties restée apparente correspondait au chablon vu peu avant (photo).
La clé de l’énigme
Dissimulée sous le masque d’un membre d’«Amisnonous» (collectif anonyme d’amis à la recherche de la vérité), et afin de faire la lumière sur cette ténébreuse affaire, notre correspondante a pu approcher le constructeur, Eddy Siegenthaler qui, accompagné de son fils Ewan, est apparu au sommet de son engin. Et enfin surgit la lumière: aucune machine infernale, mais la construction d’un petit bolide en vue du 19e Championnat du monde des tracassets qui aura lieu à Epesses ce samedi 25 avril !
Le tracasset
Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas encore le tracasset, rappelons qu’il s’agit d’un véhicule à trois roues – sorte de grande brouette motorisée, plus guère utilisée de nos jours – destiné au travail de la vigne. Cette sympathique et traditionnelle manifestation, qui a débuté dans les années 60, est organisée tous les deux ans. Celle-ci peut, sans aucune réticence, être qualifiée de «championnat du monde» puisqu’«il n’y en a point comme nous!» Certaines conditions doivent cependant être remplies par les concurrents, l’une d’elles étant que la machine – dont le moteur peut officiellement être maquillé – soit décorée, laissant libre cours à l’imagination du propriétaire qui peut notamment puiser des idées dans des sujets d’actualité régionale, nationale, voire même internationale pour orner son engin. Accessoire non obligatoire mais fortement recommandé: le porte-bouteille intégré!
Le vigneron-pilote s’offrira sa 7e participation à ce concours. Son fils Ewan l’assistera comme copilote. Il nous confie que le temps de préparation peut considérablement varier selon le thème choisi. Mais il assure que dès que l’idée a surgi, le 90% du travail est accompli. Pour respecter la tradition qui veut que les pilotes conservent soigneusement un secret absolu sur leurs projets, même (et surtout!) entre eux, leurs machines ne sont dévoilées que le jour de la course. Votre journal préféré a cependant pu bénéficier de la découverte de cet original tracasset en primeur, mais nous préférons laisser à nos lecteurs le privilège de la belle surprise concoctée par Eddy Siegenthaler, soit sur place à Epesses, ou à défaut dans la prochaine édition du Courrier qui reviendra en détail et en photos sur cette épreuve.
Ne ratez pas ce rendez-vous! Vous passerez une magnifique journée sous le signe de la détente, accompagnée de suspense ainsi que de beaucoup d’humour et de rires. Et même si la manifestation est organisée par le Ski-Club d’Epesses, sachez qu’il n’est pas nécessaire de se munir d’après-ski (de ses accessoires de sports d’hiver) pour y assister!