Tempus fugit?*
*Le temps file?
La question de l’attachement de la population à ses médias régionaux s’illustre à nouveau, à l’image des interventions multiples et passionnées qu’a provoquées la rumeur de départ du journal genevois «Le Temps» vers Lausanne.
L’émotion est vive. Pour mémoire, 1991 est l’année où pointait déjà du nez un concept de région lémanique avec la fusion de la Gazette de Lausanne et du Journal de Genève, fondés tous deux au 19e siècle. Une année qui vit aussi la naissance à Lausanne du Nouveau Quotidien. Quelques années plus tard, en 1998, leur fusion créera Le Temps qui ramènera le siège et la rédaction à Genève.
Beaucoup d’allées et venues historiques entre deux villes du bassin lémanique qui apparaissent comme un témoignage du besoin d’avoir un titre attaché à la région, qui soit le miroir des préoccupations de ses habitants et un repère au quotidien.
La proximité d’un journal – local, régional ou national – reste un choix propre à la sensibilité et au mode de vie de chaque lecteur. A l’heure des réseaux sociaux, du tout numérique et des infos en temps réel, ce n’est plus tant une question de proximité que de vitesse à laquelle tout lecteur est implacablement soumis. L’information brute et invérifiée s’invite à travers une multiplicité croissante de médias. La rentabilité, les annonceurs et les actionnaires sont les aspects non négligeables qui mènent à des fusions et acquisitions mettant à mal, bien plus qu’une solitaire feuille-de-chou, des employés ou une région… Il s’agit bien ici de l’expression d’une région et plus largement de sa culture qui sont sur la sellette.
Le journal papier, tributaire de sa réalité, se démène comme un beau diable! Ses détracteurs sont légion mais ses amants aussi. Et la mobilisation des troupes pour Le Temps illustre bien le propos.
Le balancier entre les villes continue à osciller, que le temps fuie ou qu’il passe est indéniable…