Servion – A qui reviendra la « Croix-Blanche » ?

Le restaurant de La Croix Blanche
Alain Bettex | L’héritage comprend le théâtre inauguré en 1980, incendié en 1994, qui est magnifiquement géré par son directeur Noam Perakis et Céline Rey, de Moudon. La salle a été équipée en 1998 d’un orgue, le plus grand cinéma d’Europe, et le plus grand orgue symphonique de Suisse, avec 150 jeux. La Fondation Barnabé est également propriétaire du bâtiment abritant le restaurant « La Croix Blanche », de Servion, avec une salle de spectacles (ou autres) de 150 places. Ses salles de différentes capacités en font un « objet » unique en Suisse comme le dirait un agent immobilier.
Indépendamment des bâtiments, la Fondation est propriétaire de la fantastique collection de trains miniatures en plus des 7000 costumes de théâtre. La collection d’orgues, séparées, fait aussi partie de l’héritage. En 2018, Noam Perakis, co-directeur de la Compagnie Broadway a pris la tête du théâtre, donnant une direction de programmation axée sur le musical pour en faire l’endroit privilégié de la comédie musicale en Suisse romande.
Le Conseil de Fondation lui fait entièrement confiance pour l’avenir du théâtre en l’ayant nommé directeur.
Des quatre sœurs de Barnabé, deux géraient et travaillaient à l’auberge. Elles ne visent qu’à une retraite heureuse, des plus méritées. La pandémie a forcé leur décision. Elles devraient officiellement abandonner leurs activités le 28 février 2021. Les sœurs de Barnabé et leurs descendants n’ont plus rien à voir avec l’héritage si ce n’est que l’une d’elle habite toujours la Croix-Blanche. C’est la Fondation qui a maintenant la lourde tâche de tout gérer! Par la voix de Patrick Oulevay, un membre de la Fondation, qui s’ingénie à le faire de manière harmonieuse en respectant la famille.
Le gros problème, l’épine dans le pied, est l’auberge de « La Croix Blanche » ! Cet établissement est le seul à notre connaissance en Suisse qui peut offrir des salles fermées individuellement au choix d’une capacité: de 12 personnes, de 50, de 150 ou de 500 personnes et servir des repas en plus du service traditionnel de restaurant! Des comités, des réunions et des mariages ou des enterrements ont été accueillis avec compétence et bonheur. La famille Pasche a toujours reçu avec grand plaisir les visiteurs et clients. Actuellement, comme tous les restaurants, il est fermé.
Les spectacles, au Théâtre Barnabé et à la Grange à Pont, ont abrité bons nombres de représentations, souvent inoubliables, avec des vedettes célèbres; on peut mentionner Gilles et Urfer, François Silvant, Nono Muller, Bouillon, Yann Lambiel, Art Blackey et les Jazz Messagers des USA, Claude Luter, Pierre Dudan, Madeleine Robinson, etc, etc. Des troupes et des orchestres prestigieux ont passé par Servion, il faudrait un bottin pour tous les nommer. De plus, les acteurs du Théâtre du Jorat à Mézières adoraient, lors des spectacles à la Grange sublime, se mêler aux acteurs de Barnabé; ils occupaient les 6 ou 7 chambres disponibles au-dessus du restaurant.
L’origine de ces locaux date d’avant 1825 !
La commune de Servion l’avait vendue à Jean-Louis Pasche en 1865 pour 8000 francs, payable en deux fois, garantis par la commune. Cette auberge servait de relais entre Moudon et Lausanne pour changer de chevaux. Le passage du Chalet à Gobet étant truffé des célèbres brigands du Jorat, c’était la voie préférée, par Savigny, la plus sûre, des gens et des marchandises, alors que la route n’était même pas asphaltée.
Pour remettre le tout en état et au goût du jour, les investissements devraient être considérables, la Fondation s’en avoue incapable. La commune de Mézières en sait quelque chose puis qu’elle vient de dépenser plus de 6 millions pour remettre son auberge à neuf.
Le Kiwanis Club d’Oron et son président Michel Rossier, ainsi que le Rotary Club du Jorat présidé par Jouni Heinonen, les deux clubs services de la région, en faisaient leurs lieux de réunions. Ils sont contraints de trouver d’autre(s) possibilité(s) pour les héberger.
Suite aux 156 ans que la famille Pasche a formidablement géré, fait prospérer en faisant la réputation internationale de Servion, il serait souhaitable que la commune s’y intéresse à nouveau et ne laisse pas partir cette extraordinaire partie du patrimoine joratois à vau-l’eau.
On peut encore se procurer le livre d’une des sœurs de Barnabé, Madeleine Détraz-Pasche, qui décrit l’histoire de « la Croix-Blanche » sous le titre « Servion le théâtre d’une vie ». Il est
disponible directement chez elle à Servion.