Sarah
Sari | J’ai fait quelques pas vers elle, c’était impressionnant de se voir sans miroir.
Elle me ressemblait affreusement, les mêmes yeux gris, un visage aussi ridé et fin que le mien; je pensais à ce qu’Angélica a vécu quand elle s’est retrouvée en face de Sineida (parenté du Brésil). Je suis sortie de mes pensées par une douce voix qui me parla:
– Je connais ton existence, je sais que tu t’appelles Césarine.
– Ah oui, j’articulais avec peine, eh bien moi je ne peux pas en dire autant.
Moi je m’appelle Sarah, répondit-elle toujours en souriant.
Sentant mon trouble, elle me proposa de la suivre chez elle.
Dans le plus grand silence nous avons longé le grand parc arborisé du centre-ville. Une petite fille cheminait vers nous, tenue par la main de sa mère; arrivée à notre hauteur, elle nous pointe du doigt en demandant très fort:
– Dis Maman, est-ce que ça existe aussi des vieilles jumelles?
Nous nous sommes stoppées dans notre marche, tellement la question nous était adressée.
La mère a débloqué la situation avec un grand calme.
– Excusez-la, Mesdames, mais c’est très rare de voir des personnes adultes habillées identiques.
Alors en se tournant vers sa fille elle lui répond:
Tu sais ma chérie, lorsqu’on est jumelles on le reste à vie; maintenant je dois t’expliquer que pour des personnes, on n’utilise pas le mot «vieilles» mais «âgées».