Pour défendre le service public, non à l’initiative trompeuse !
Jean Christophe Schwaab | En mal de publicité, le magazine Bon à savoir n’a rien trouvé de mieux que d’utiliser les droits populaires en lançant l’initiative prétendument «en faveur du service public». Son titre est accrocheur, mais trompeur. D’ailleurs, tous les partis représentés au Parlement fédéral (PS, Verts, Verts libéraux, PBD, PLR, PDC et UDC) la rejettent, car cette initiative n’est pas du tout en faveur du service public. Elle menace plutôt ce qui fait la recette de son succès en Suisse: les «subventionnements croisés». Parce que certaines prestations du service public ne sont pas rentables dans certaines régions, par exemple les régions loin des centres urbains ou de montagne, les entreprises du service public les financent grâce aux bénéfices réalisés là où ces prestations sont rentables. En outre, certaines prestations du service public ne sont pas rentables du tout, notamment au moment de leur introduction. Les entreprises du service public doivent donc pouvoir les financer grâce à d’autres prestations plus profitables. Si le subventionnement croisé est interdit comme le demande l’initiative, l’existence de ces prestations non rentables sera menacée. La cohésion nationale en souffrirait, car les régions excentrées seraient les premières à voir la qualité du service se dégrader.
L’initiative contient certes une bonne idée: limiter les salaires des dirigeants des entreprises du service public. Mais cette revendication est perdue au milieu d’un paquet un peu fourre-tout, que l’on ne peut accepter ou refuser que tel quel. Même si une (petite) partie de l’initiative est intéressante, cela ne vaut pas la peine de mettre en danger l’existence même du service public.
Par ailleurs, cette initiative ne contient aucune mesure pour améliorer la qualité du service public, ni pour stopper la dégradation des prestations ou des conditions de travail. Au contraire, la suppression du financement croisé ne peut que péjorer la situation. Pour vraiment défendre le service public, je vous recommande donc de voter NON à l’initiative intitulée «en faveur du service public».