Passionnément Simmental
CR | Fidèle aux traditions de leurs aïeuls, la famille Wolf, établie à Forel depuis deux générations, fait partie des rares paysans à maintenir les cornes de leurs vaches. Génisses et vaches de leur cheptel ont séjourné dans le Pays-d’Enhaut pendant l’été. Elles ont regagné depuis peu les prés du Jorat.
Cornées = trophées
Sur la façade de la grande étable à Forel Lavaux, les trophées rapportés des concours bovins en disent long sur l’authenticité de l’élevage bovin Simmental de la famille Wolf. Plusieurs de leurs spécimens ont marqué leur place dans le cercle des éleveurs: concours, foires, cortèges. Et lorsqu’un de leurs taureaux devient premier prix d’une compétition de lutte, c’est comme une consécration!
«Ce sont toujours des vaches à cornes qui remportent les trophées» nous dit Christian Wolf, père de deux fils œuvrant sur l’exploitation avec lui, son épouse et son frère Ulrich. Une de nos bêtes a gagné ce 24 septembre les points d’honneur du public au Comptoir suisse à Lausanne. «Eclair» c’est son nom, Simmental sa race. Cinq ans, robe rouge pie avec taches blanches, cornes implantées haut et relevées, regard noble et fesse charnue, tête fleurie pour l’occasion, elle a ravi les visiteurs, la semaine dernière à Beaulieu.
«Faut leur causer»
En mars 2007, une de leurs «Amazones» avait remporté avec deux compatriotes le challenge de groupes de la confrontation européenne des vaches Simmental à Epinal (FR). De ces nombreux succès, les éleveurs de Forel n’en font pas un plat. Leur passion l’emporte sur toute considération.
Car de la passion, il en faut. La présence à la ferme reste prioritaire alors que chaque participation à des concours demande un grand investissement de temps. Il y a les va et vient constants: renouvellement des taureaux pour les saillies, départ des veaux pour l’engraissage, départ d’autres bêtes pour l’abattoir, l’aller et retour des génisses à l’alpage, etc. Les vaches cornées demandent beaucoup d’attention. «Quand il y a confrontation entre elles à l’étable ou dans le pré, faut les caresser, leur causer. Elles finissent par comprendre», nous dit leur maître.
Rester au courant
Christian Wolf ne conteste pas les nouvelles zootechniques, comme par exemple l’insémination artificielle à laquelle il ne recourt pour son bétail que rarement. De la relativité de l’ancien et du nouveau, il joue le jeu et reste attentif. Une permanente mise au courant est importante. Rester au courant des questions relatives à l’hygiène, la saillie, le vêlage, l’hygiène du lait, etc. Des polémiques autour de la vache à hublot dans les centres d’expérimentations, il est plutôt positif: «C’est une aide précieuse aux spécimens présentant des troubles digestifs lourds. Le prélèvement d’acide gastrique sur la vache à hublot a permis de sauver bien des congénères malades.»
La désalpe
Sur un alpage du Pays-d’Enhaut, la famille de son fils aîné a séjourné tout l’été. Entourant le troupeau, avec son épouse et un vaillant travailleur étranger, ils ont produit de nombreux fromages.
Comme pour la montée, la désalpe se fait par fourgon et par contingent. Début octobre, les bêtes sont toutes de retour. Elles retrouvent dans le Jorat l’herbe verte des champs et leur place respective à l’écurie.
Plaisir des retrouvailles pour les uns, chagrin de fin d’été pour d’autres. «Quand les vaches ont quitté l’alpage, la petite de 6 ans qui a séjourné au chalet a pleuré à chaudes larmes en les voyant partir», nous dit Christian Wolf, grand-père attendri.