Nos amis les animaux du Zoo – Un loup qui venait du froid
par Luc Grandsimon | Les loups arctiques (Canis lupus arctos) vivent essentiellement sur les îles entre l’Alaska et le Groenland. Habitués aux climats rudes (-60°C l’hiver), ils portent une épaisse fourrure et sont plus petits que les autres loups (90 cm de longueur). Par contre, ils sont plus lourds que le loup gris et peuvent atteindre 80 kg.
«Leurs fourrures sont si épaisses que l’aiguille de la fléchette hypodermique utilisée pour les endormir doit être d’une longueur plus grande que celle utilisée par exemple chez un tigre» nous explique le directeur du Zoo de Servion, Roland Bulliard.
A la naissance, leur pelage est noir puis devient rapidement beige comme pour le loup européen. Ce n’est qu’à leur deuxième année que leur pelage devient blanc. Il faut se méfier de ne pas les confondre avec une autre sous-espèce de loup au pelage blanc, le loup arctique d’Hudson qui lui, possède en plus un peu de beige sur son dos.
Le Zoo de Servion a été et est le premier zoo en Suisse à présenter des loups arctiques. Ils ne sont pas menacés d’extinction car peu d’humains vivent sur ces îles. Même si l’homme reste une éventuelle menace, leur plus grand adversaire est le froid.
Dans la famille des «loups», je veux le loup arctique
Le directeur du Zoo, Roland Bulliard, nous explique les péripéties qu’il a dû affronter pour obtenir
un jeune couple de loups arctiques: «Nous avions au départ un couple de loups d’Europe. Quand ils sont morts de vieillesse, nous avons décidé de ne pas en reprendre. En effet, le loup d’Europe est très commun dans les zoos et parcs et se reproduit très bien en captivité. De ce fait, il est ensuite difficile de placer les petits. Nous avions demandé à certains zoos et parcs en France si certains ne possédaient pas un jeune couple de loups arctiques. La réponse était toujours négative. Le parc de Saint-Martin près de Lyon en France nous a proposé un couple de loups de Mc Kenzie. Nous voulions plutôt des loups arctiques mais devant la difficulté d’en trouver et du fait que l’enclos des loups était à présent vide, nous avons fini par accepter. Entre-temps, nous avons livré deux rennes femelles dans le parc français de Sainte-Croix. Ils nous ont envoyé une lettre de remerciements en expliquant que tout s’était bien passé. Et sur cette carte, il y avait une photo de loup arctique. Nous nous sommes empressés de leur demander s’ils en avaient chez eux. Malheureusement non, mais ils avaient une adresse au Canada. Nous avons contacté le parc Safari à Hemmingford qui pouvait nous en fournir. Mais nous nous étions engagés pour le couple de loups de McKenzie et le parc ne pouvait à présent les remettre dans leur enclos sous peine qu’ils se fassent tuer par leurs congénères. Ils étaient maintenant considérés comme des individus étrangers à la meute. Heureusement, nous avons pu en placer un au zoo de Bâle et un autre dans un zoo à Mulhouse. Nous pouvions alors accueillir, le 23 mars 2001, notre superbe couple de jeunes loups arctiques».
Sirius et Souris
Le mâle se nomme Sirius et la femelle Souris, leur fils actuel s’appelle Lucius. «Quand ils sont arrivés au parc après avoir été transportés chacun dans une caisse durant 1 jour et demi, c’était pour nous un émerveillement de voir ce couple de jeunes loups arctiques. On a mis les caisses de transport dans leur nouveau territoire puis on les a ouvertes après nous être retirés de l’enclos. S’ils avaient été effrayés, ils auraient pu être agressifs. Ils sont tout de suite sortis de la caisse puis ont fait le tour de leur nouvel environnement et sont retournés dans leurs caisses! On les a laissés s’habituer puis le lendemain, on leur a retiré leurs caisses.
La femelle, quand elle est sur le point de mettre bas, va creuser rapidement un trou assez conséquent de 60 à 70 cm de profondeur sur un mètre. C’est là qu’elle donnera naissance à ses petits. En général ce sont des portées de 2-3 louveteaux. Au bout de 15 jours, elle les transportera et s’installera dans la tanière artificielle.
«Nous avons eu une douzaine de naissances depuis 2001. Les quatre dernières naissances ont eu lieu il y a deux ans et les jeunes ont été placés au parc français «La maison du Loup» près du village d’Orlu dans les Pyrénées. Nous avons donné aussi une femelle au parc des loups du Gévaudan. Malheureusement, l’année dernière, il n’y a pas eu de naissance, car notre louve est devenue vieille. Dans une meute, il y a un couple dit «Couple Alpha» qui est le seul habilité à se reproduire. Ils sont dominants. C’est très difficile d’intégrer un nouvel individu dans une meute bien établie. Si on amenait une jeune femelle maintenant, elle serait tuée sur-le-champ. Lucius depuis cet hiver a remis en cause l’autorité du mâle alpha, son père, et il a gagné. Cela nous a fait de la peine de voir Sirius dominé mais lui aussi est en fin de vie, il ne pouvait rien faire. Nous allons les laisser finir leur vie tranquillement et le moment venu nous présenterons une jeune femelle d’un autre zoo ou parc à Lucius. L’espérance de vie d’un loup arctique est d’une quinzaine d’années.»