Nos amis les animaux du Tropiquarium – La tortue Sulcata
par Luc Grandsimon | La tortue Sulcata (Centrochelys sulcata), appelée aussi tortue striée ou tortue éperonnée, est la tortue continentale la plus grosse au monde. Elle atteint presque les 100 kg et vit jusqu’à 100 ans. Son régime consiste essentiellement à de l’herbe et quelquefois des criquets morts.
Le directeur du Tropiquarium, Philippe Morel, explique que les gens donnent souvent trop à manger aux tortues, ce qui provoque un effet d’excroissance de la carapace. «Nous ne leur donnons à manger que deux fois par semaine: l’été c’est surtout de la dent de lion et l’hiver du foin et un peu de fruits. Elle boit très peu et sa capacité à marcher, parfois très vite, des kilomètres sans s’arrêter est impressionnante». Elle est capable de creuser rapidement et utilise ce moyen pour créer des galeries qui peuvent atteindre jusqu’à 6 mètres. Vivant dans une zone de grande chaleur le jour et de nuit très froide, elle s’y réfugie pour se protéger de ces extrêmes. A l’intérieur de ces galeries, il est impossible de les déloger, car elles possèdent des sortes d’éperons sur les pattes antérieures qu’elles exhibent à l’entrée. Une personne voulant saisir une tortue par les pattes se blesserait. Malgré le fait qu’elle n’ait pas de dent, elle possède une gaine cornée coupante qui recouvre les os de sa mâchoire. «Ces tortues n’hibernent pas, l’hiver au Tropiquarium elles sont placées dans leur bâtiment chauffé à 23-25°C. Il faut que la température externe soit d’environ 20°C pour qu’on les laisse de nouveau sortir du bâtiment», explique le directeur Philippe Morel.
Une carapace à toute épreuve
La carapace de la tortue lui sert d’habitation et de protection contre les prédateurs.
Il faut savoir que cette carapace fait partie intégrante du squelette.
La tortue est en constante croissance toute sa vie. On distingue deux parties dans la carapace: le bouclier, aussi appelé dossière, qui correspond au dos de la tortue, et le plastron. Le mâle a un plastron concave (creux) afin qu’il puisse mieux épouser la forme de la dossière de la femelle lors de l’accouplement.
Chez les mâles Sulcata, il y a la présence d’une «fourche gulaire» située sous la tête et donc sur le plastron de l’animal. Cette fourche sert à renverser un autre mâle lors d’un combat territorial. En effet, ces tortues défendent leur zone et peuvent devenir très agressives lors des périodes de reproduction.
Un animal en voie de disparition
Deux facteurs sont responsables de la raréfaction de cette espèce. Tout d’abord, la population locale les mange, car leur viande permet aux villageois d’éviter la disette.
Le deuxième facteur est l’avancée inexorable du désert; comme cette tortue vit dans des zones semi-désertiques, la désertification l’oblige à aller chercher toujours plus loin sa nourriture.
Heureusement un programme de conservation pour cette espèce a été lancé en 1993 par une association sénégalaise et une association de protection et de sauvegarde des tortues (la SOPTOM).
Elle a pour but de garder des tortues dans un parc non loin de Dakar, de les reproduire, dans l’espoir de les lâcher à long terme dans la nature.
Une technique de reproduction ingénieuse
La femelle a la particularité de pouvoir conserver pendant trois ans les spermatozoïdes dans une poche. Si elle considère que les conditions climatiques sont mauvaises, elle peut ainsi attendre avant de pondre ses œufs. Elle pond environ 25 œufs de la taille d’une balle de ping-pong et cela plusieurs fois par an. Elle creuse un nid puis pond ses œufs avant de les recouvrir de terre.
«Il nous est arrivé de rechercher l’endroit où elle avait pondu, car elle avait si bien tassé la terre qu’il nous était impossible de localiser l’endroit visuellement», dit en souriant Philippe Morel. «Lors de la ponte, l’œuf est englobé dans une sorte de «glu» pour le déposer au fond du trou délicatement un peu comme un élastique. Lorsque nos femelles pondent, parfois nous mettons notre main en dessous et l’œuf tombe doucement dans la main, c’est une sensation très spéciale. Cela ne dérange pas la tortue puisque dans la nature, lorsqu’elle a fini de pondre, elle abandonne son nid. Nos œufs sont mis en couveuses et les petits sont élevés en nurserie, car nous sommes sous des latitudes trop froides pour les amener à éclore. Il serait compliqué pour nous de chauffer son terrain extérieur. Nous avons 80% de réussite sur les œufs mis en incubateur.»