Les petits mots…
Christiane Bonder | Ce sont, bien sûr, des mots banals, des mots de rien qui nous semblent sans importance, mais cependant…
Lorsqu’un voisin, la dame qui promène son chien ou l’homme qui traîne ses escarpins vous gratifient d’un très sincère: «Bonjour Madame! Beau temps ce matin…», d’un «Quel plaisir, cette douceur enfin…», ou simplement d’un grand «Bonjour!» dit avec le sourire, vous en êtes guilleret, ragaillardi pour la journée… bien plus qu’un «B’jour» distrait, un «M’dame» bancal; vous comprenez que pour l’autre vous existez et que l’autre existe pour vous. C’est une reconnaissance et le début de ce qui fonde un vrai tissu social. Ils vous suggèrent, ces mots de rien, que si la dame ou ce voisin étaient absents un beau matin, vous vous inquiéteriez à leur sujet: «Est-elle malade?…», «A-t-il changé de lieu?»
Ces petits mots courent encore dans les villages dont la communauté agraire est reliée aux mêmes besoins, aux mêmes espoirs. Ils nous rappellent l’appartenance à une région, annulent les sentiments de solitude qui traversent les grandes cités.
Veillons à la garder, cette belle identité, rêvons, mangeons local, parlons local, lisons local, choyons nos fêtes villageoises empreintes de chaleur humaine.
«Au revoir, Madame», «Au revoir, Monsieur, superbe le temps ce matin!»…