Le Suroît va souffler sur Pully!
par Luc Grandsimon | Le Suroît est le vent des îles de la Madeleine, un archipel canadien du golfe du Saint-Laurent appartenant au Québec, qui amène le beau temps. C’est aussi le nom d’un des premiers groupes à jouer lors du festival de la chanson francophone québécoise à Pully Lavaux-Festival.
Nous sommes allés à la rencontre du directeur du festival ou, comme il préfère être appelé, l’organisateur, Rico Perriard, afin qu’il nous présente cet événement culturel incontournable qui aura lieu du 5 au 14 juin 2014.
10e édition et pas une ride!
Tout avait débuté au théâtre du petit Champlain dans le vieux Québec. Rico Perriard était venu voir son très bon ami Claude Léveillée chanter. En première partie du spectacle, il y avait des inconnus, qui depuis ont fait du chemin: Lynda Lemay et Mario Brassard. Ebloui par leurs musiques et leurs textes, Rico Perriard a décidé de créer un festival en Suisse, et pour se démarquer il voulait qu’il soit uniquement composé d’artistes québecois et d’autres provinces francophones du Canada, afin de promouvoir la langue française.
Il a fallu attendre deux ans avant que cette réalisation se mette en place. Le premier festival a duré 4 jours et il y avait en tout 4 artistes représentés: Lynda Lemay, Claude Léveillée, Mario Brassard et le groupe Suroît. Le budget était alors de 100’000 francs.
Rico Perriard et ses amis ont dû débourser à la fin 2000 francs du fait de recettes déficitaires. Cependant, les gens avaient montré un tel engouement qu’ils décidèrent de réitérer l’expérience.
18 ans plus tard, le festival biennal fête sa 10e édition avec 50 artistes, 200
musiciens, répartis
sur 9 jours et un budget de 2 millions!
«Pour moi, c’était important qu’on mette l’accent sur la chanson à texte dans ce festival», déclare Rico Perriard.
La musique, une tradition familiale canadienne?
Rico Perriard ne cache pas son engouement pour le Québec et les provinces francophones. Il est lui-même jury de plusieurs festivals là-bas. «Il y a tellement de jeunes talents à qui on ne donne pas forcément la chance de monter sur scène. La musique a une place très importante chez eux, cela est peut-être dû aux longs hivers. Vous verrez souvent une guitare, un piano ou un violon, ou même les trois, présents dans leurs foyers. Les enfants baignent dans cette ambiance musicale dès la naissance. J’ai toujours énormément de plaisir à découvrir de jeunes chanteurs ou chanteuses. Je reçois continuellement des CD mais je n’arrive pas à trouver le temps de tous les écouter!»
Le raisin se mange?
«Ce que j’apprécie le plus dans ce festival, c’est la rencontre entre les artistes et la convivialité qui s’en dégage. Ils peuvent se poser et discuter ensemble. Nous, on en profite pour leur faire découvrir la région. A ce sujet, j’ai une anecdote: j’étais avec le chanteur Florant Vollant, un authentique inuit, assis sur un mur avec en face de nous les vignes et tout le panorama de Lavaux. Il était si ému qu’il avait les larmes aux yeux. Il m’a dit: «C’est si beau ici», puis en regardant les vignes, il m’a demandé: «J’ai déjà bu du vin mais est-ce que le raisin se mange?» Ce n’était malheureusement pas la saison pour lui en faire goûter mais cet instant magique de cette personne émue devant notre paysage, je ne l’oublierai jamais.»
Des anecdotes, Rico Perriard pourrait en faire un livre et qui sait, peut-être en trouvera-t-il le temps?
En tout cas ce ne sera pas dans les prochains jours, car le festival «Pully Lavaux à l’heure du Québec» démarre le 5 juin et une pléiade d’artistes sont au rendez-vous:
Lynda Lemay, Anthony Kavanagh, Roch Voisine, Diane Tell, Richard Desjardins, Isabelle Boulay, Robert Charlebois, Les Trois
Accords, André-Philippe Gagnon, les Cowboys Fringuants, Dumas, Pascal Lejeune, Sonia Johnson, Alexandre Poulin, Stéphane Côté, Salomé Leclerc, Eli et Papillon… Ce sont en tout une cinquantaine d’artistes, tous aussi talentueux les uns que les autres, qui vont se produire dans la salle Arnold-Reymond, L’Octogone Théâtre de Pully, le Théâtre de la Voirie et le chapiteau «Francophonie canadienne». Nous vous conseillons de vous précipiter, car les réservations fondent comme neige au soleil.
Pour ceux qui penseraient que Rico Perriard ne pensent qu’aux artistes québecois, qu’ils sachent qu’il organise aussi un festival promouvant les artistes suisses lors du festival «L’entre-deux». Se déroulant aussi tous les deux ans, il propose aux chanteurs de toute la Suisse de venir jouer. Certains chanteurs participent à un spectacle retraçant, avec leur style, des chansons d’un célèbre chanteur disparu, accompagnés du groupe vocal d’une centaine de personnes «Café-Café». Il y a eu déjà Léo Ferré, Jean Ferrat et Jacques Brel. Nous en reparlerons en temps voulu. En attendant profitez du festival pour aller écouter ces formidables ambassadeurs de la langue française.