Le grand peintre contemporain Zao Wou-Ki expose à Pully
Pierre Jeanneret | Le «petit» Musée d’art de Pully présente une exposition de portée internationale ! Elle a été inaugurée par Dominique de Villepin, ancien Premier ministre français, ami du peintre disparu et auteur d’un livre qui lui est consacré. Par ailleurs, la veuve de l’artiste a fait au Musée une donation importante.
D’origine chinoise, Zao Wou-Ki (1920-2013) émigre en France en 1948. Au début, il renie la tradition de la peinture chinoise, qui lui paraît figée et passéiste. En Europe, il découvre l’art occidental, et notamment Paul Klee, qui exerce sur lui une profonde influence: on le voit dans certaines œuvres d’une grande finesse de traits et presque hiéroglyphiques, comme Montagnes et soleil ou Flore et faune (1951). On remarquera aussi à Pully ses poissons, qui rappellent l’art rupestre paléolithique. L’artiste se lie avec de grands poètes et écrivains comme Henri Michaux, René Char et André Malraux. Ceux-ci lui demandent d’illustrer leurs textes. Mais Zao Wou-Ki réalise bien plus que de simples «illustrations». Son œuvre picturale dialogue avec la littérature. En cela, il demeure très proche de ses origines: sur les rouleaux de peinture chinoise, l’image ne s’accompagne-t-elle pas très souvent de poèmes ?
Zao Wou-Ki s’oriente de plus en plus résolument vers la peinture abstraite. Mais même les visiteurs qui ne sont pas familiers de celle-ci trouveront du plaisir à cette exposition. Qu’il pratique la peinture à l’huile, la lithographie, l’eau-forte ou l’aquatinte, l’artiste réalise une œuvre aux couleurs éclatantes: des rouges sanglants, des jaunes crus, des violets et des verts subtils, des bleus intenses. Quant aux formes, ce sont surtout des ensembles de taches pleins de liberté et d’exubérance, qui suscitent l’imagination de celui ou celle qui les regarde.
Zao Wou-Ki s’est installé en 2011 en Suisse. On dit qu’il appréciait particulièrement le paysage de Lugano, avec son lac et sa montagne pyramidale, qui lui rappelaient sans doute la peinture chinoise chan-chouei, ce qui signifie «les montagnes et les eaux». On peut d’ailleurs dire que ce peintre a réalisé une synthèse entre l’art chinois – par exemple dans sa manière de mettre beaucoup d’eau dans l’encre – et l’art occidental.
«Zao Wou-Ki, la lumière et le souffle», Musée d’art de Pully, jusqu’au 27 septembre 2015.