Le crapaud du désert, le caméléon panthère et le téju rouge
Luc Grandsimon | Nous voilà de retour au Tropiquarium de Servion. Rien de tel qu’une nouvelle promenade sous les tropiques pour oublier notre hiver capricieux… La semaine passée, je vous avais annoncé de nouveaux habitants à découvrir: le crapaud du désert, le caméléon panthère et le téju rouge.
Un crapaud à éviter d’embrasser…
Une idée saugrenue me direz-vous? Qui a déjà voulu embrasser un batracien? Peut-être dans les contes de fées? Avec l’espoir de le voir se transformer en prince ou en princesse… Et pourtant, le crapaud du désert (Bufo alvarius) est très recherché et apprécié; il est plus exactement léché par ceux qui veulent «planer» ou «se sentir vivre entre la vie et la mort», car ce crapaud du désert sécrète un psychotrope hallucinogène, plus précisément un dérivé de la sérotonine, la 5-HO-DMT. Un trafic de peaux de ce crapaud est observé aux États-Unis depuis de nombreuses années.
«Ce crapaud vit dans le sud-ouest des Etats-Unis et au nord du Mexique dans les déserts et les zones semi-arides. Malgré cet habitat, il ne peut se passer d’eau, ainsi pour trouver de l’humidité, il se réfugie volontiers dans les terriers abandonnés des rongeurs. Il peut atteindre une taille impressionnante de 16 cm», nous raconte le directeur du Tropiquarium, Philippe Morel. Il sort généralement la nuit pour attraper ses proies. Il est carnivore et mange tout ce qui est à peu près à la bonne taille, oiseaux, reptiles, autres crapauds…
Le caméléon multicolore
Le caméléon panthère (Furcifer pardalis) est l’une des plus grandes espèces de caméléons du monde: le mâle peut atteindre 55 cm! C’est aussi l’espèce la plus colorée, les mâles peuvent avoir des robes flamboyantes vertes, orange, rouges. La coloration de leur robe varie selon leur localisation géographique.
Endémique de l’île de Madagascar, ce caméléon a aussi été introduit dans l’île de la Réunion et dans l’île Maurice. Il fréquente aussi bien des habitats dégradés au bord des routes, que la canopée ou les forêts d’arbres dans lesquels il grimpe jusqu’à
10 m de hauteur.
Les mâles vivent plus longtemps et sont plus grands que les femelles; ils peuvent vivre jusqu’à 4 ans alors que l’espérance de vie d’une femelle n’est que de deux ans; c’est un saurien qui grandit extrêmement vite, la femelle est adulte à 9 mois. Le dimorphisme sexuel se situe au niveau de la taille et des couleurs. Ce sont les mâles qui portent les couleurs chatoyantes, alors que les femelles sont plus ternes, permettant peut-être ainsi un meilleur camouflage.
«Nos jeunes caméléons sont nés en août 2015 au zoo de Zurich, nous ne connaissons pas encore leur sexe, les mâles adultes ne pourront pas cohabiter. Ovipare, la femelle peut pondre jusqu’à 30 œufs, elle peut avoir plusieurs pontes par an. La gestation dure 3 à 4 semaines et l’incubation dure de 7 à 9 mois», nous raconte Philippe Morel.
Sa peau à sauver
Le Téju ou Tegu rouge (Salvator rufescens) vit principalement dans les forêts tropicales de certains Etats d’Argentine, de Bolivie, du Brésil et dans le Paraguay. Il se rencontre dans les forêts tropicales, les prairies et les savanes dans des régions où il peut y avoir des périodes de crues alternant avec des périodes de conditions arides. Pour se protéger il reste alors dans son terrier. C’est un lézard terrestre et diurne de grande taille, les mâles peuvent mesurer jusqu’à 1,40 m; les femelles sont plus petites.
Si les juvéniles sont essentiellement insectivores, les téjus adultes sont omnivores; ils se nourrissent de vertébrés, invertébrés et végétaux y compris les graines, les fruits, les fleurs et le miel. Ce saurien est un chasseur opportuniste dans la nature, sa puissante mâchoire en fait un prédateur redoutable. Son espérance de vie est de 20 ans.
Les téjus sont chassés principalement pour leurs peaux, le commerce des animaux de compagnie et la consommation par les habitants mais à un degré moindre. En 1999, les quotas d’exportation de l’Argentine et du Paraguay étaient de 1’350’000 peaux par an. La population de téjus est surveillée et les espèces sont inscrites à la CITES en Annexe II.
N’hésitez pas à venir découvrir ces nouveaux animaux au Tropiquarium. Vous pouvez assister au nourrissage des lézards, tortues et autres animaux du vivarium le mercredi après-midi, ainsi qu’au nourrissage des dragons de Komodo et des crocodiles. Tous les jours de la semaine vous pouvez assister au nourrissage des manchots, ces habiles nageurs!
Le Tropiquarium de Servion est ouvert tous les jours de l’année et se visite par tous les temps.
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