La patoche, c’est trop trop bien !
Nicolas (7 ans et demi) | Aujourd’hui, c’est jour de patinoire. C’est chouette. On doit venir à l’école en tenue et ceux qui ont un casque et des patins les prennent. Les autres, on leur loue, mais on doit dire le numéro de pointure plus une chaussette et à la fin on doit recommencer plein de fois, parce qu’il y a ceux qui comptent deux fois la chaussette et ceux qui la comptent pas, et ceux qui disent le numéro alors qu’ils ont des patins et donc ça sert à rien et la maîtresse doit recommencer ses coches plein de fois et ça l’embrouille et elle aime pas ça, la maîtresse, être embrouillée. On a pas le droit de faire du hockey comme à la télé. On peut pas amener de canne, ni de rondelle. On est des petits, quand on sera des grands on pourra, mais on demande toujours quand même.
Maintenant, à la patinoire, il y a un toit en bâche. Ça, c’est bien parce qu’avant on rentrait trempés comme des soupes s’il pleuvait et on avait des bleus aux fesses. Maintenant on a que des bleus aux fesses. Moi, j’aime bien la patinoire, on se dandine comme des manchots pour atteindre la banquise. Après, chacun fait comme il peut et la maîtresse dit toujours qu’à la fin de la patinoire, elle a les bras qui se sont rallongés. Moi, je crois pas, elle doit avoir une réaction au froid, c’est tout.
***
Après, c’est chouette, parce qu’on peut aller grignoter notre pique-nique autant de fois qu’on veut. Je fais des trocs avec les copains et je déguste des inédits. Chips au lard avec Nutella, pain d’épice Prosper avec Vache Qui Rit et plein de trucs que maman laisserait pas faire, mais la maîtresse est chouette, elle dit rien, elle dit que ça, on gère.
***
Après, pour digérer, on peut se tenir à la bande ou y accoster brutalement et ça, ça s’appelle des arrêts canadiens, c’est mon frère qui m’a dit. Ils sont chouettes ces Canadiens. Ils ont inventé plein de trucs géniaux pour les pique-niques, pour les crêpes, pour le hockey… Quand je serai grand, j’irai au Canada.
***
Après, on rend les patins et on doit essuyer la lame avec un chiffon qui est tout mouillé parce qu’on est beaucoup et là, je fais super gaffe, parce que mon frère, qui est plus grand, il a dit que la lame c’est comme un rasoir, ça peut couper un doigt net.
***
Une autre fois, à la patinoire, un copain à moi avait vu un doigt dans un bord. On était sûr que c’était sûrement un doigt resté du jour d’avant, d’un qui avait enlevé ses gants, parce qu’à nous la maîtresse a bien dit: pas de gants, pas de patin. On a appelé la maîtresse pour qu’elle vienne voir. Quand elle nous a dit que c’était qu’un bout de carotte, on était vachement soulagé, mais aussi vachement déçu.
***
Après, on est monté dans le bus et on est rentré. On reviendra à la patinoire et ça sera chouette. Avec un peu de chance, la prochaine fois, c’est moi qui trouverai peut-être une dent ou encore mieux… un nez !!!