La fête de l’ABRAL fait tout juste !
Pierre Dominique Scheder Chronicoeur de Chexbres | Vendredi 3 février à Chexbres nos amis requérants nous invitent. Cette fois, ce sont eux qui régalent. Un régal de cuisine afghane, de musique, de poésie et de danse. Le royaume de Dieu parmi nous. Oui, grande justesse en cette fête fraternelle. Un signe de confiance en l’humanité et de santé en ce monde malade de guerres et d’atrocités. «Je n’ai pas de village accroché à mon nom» dit le poète lui aussi déraciné sur cette terre de violence et d’indifférence à la simple beauté. Chexbres, par une attention concrète et cordiale envers les plus démunis, donne un coin de pays à ces marins d’audace qui en ont vu de toutes les horreurs.
Tout commence en musique. La sono, gérée très pro par les grands enfants de chœurs du Caveau, Sélim et Vincent distille un slow langoureux des années soixante, «Aline». Et, nous entrons dans la danse. Un p’tit coin d’paradis le temps d’une chanson. Apéro arrosé par la Municipalité toujours bien munie en bouteilles et discours brefs mais allant à l’essentiel. Monsieur Fausto, le président témoigne de l’espérance que suscite le compagnonnage avec nos amis migrants. Le syndic Jean-Michel Conne dit en deux mots la simplicité de l’engagement par la mise en place de petites structures permettant à la solidarité de se manifester. «On en ferait plus s’il y avait moins de tracasseries administratives.» Finalement Sandra Kolly, responsable des bénévoles, remercie tout un chacun et dit tout le bonheur de donner de son temps à ceux qui ont tout perdu. Comme on est loin des dames de charité d’antan qui tricotaient pour une bonne cause! Là se vit une aide concrète de bienveillance. Un jeune homme mitraille avec son appareil de photos immortalisant toutes ces petites scènes, même si ces instants d’intense humanité sont déjà éternels comme la tendresse et l’amour chez Eluard.
Et maintenant la parole à l’orchestre! Haitnam Alkat-veb, virtuose syrien, universellement reconnu nous joue du Oud, sorte de luth ou de mandoline. Juste magnifique! Et, voici Jean Robert l’Africain. Là c’est carrément Jimi Hendrix ou Bob Marley qui nous reviennent. Ou même J.B. Lenoir, bluesman d’Alabama de renom, pour les connaisseurs. Jean Robert a un jeu de guitare époustouflant. Un cri qui se fait hymne au grand jour chantant l’errance, le pays perdu, un océan de risques traversé. Une bande de jeunes toujours à l’affût de vérité et d’authenticité font cercle autour de lui, tapent dans les mains. C’est Woodstock! En plus modeste évidemment. Restons vaudois. Je déballe ma guitare. Nous démarrons ensemble un blues en mi sans bémol, «car dans le blues on peut y mettre ce que l’on veut…» et j’y mets un cher village en mon cœur retrouvé, bien accroché à mon nom! Oui, ce soir, question accueil, Chexbres montre l’exemple et fait vraiment tout juste!