Hélisulfatage des vignes
Jean-Pierre Lambelet | Parler du mildiou ou de l’oïdium à un vigneron, c’est évoquer des ennemis ancestraux!
En effet, le mildiou est l’ennemi numéro 1 de la vigne, car ce champignon parasite se développe à la faveur des printemps doux et pluvieux, contaminant les organes verts de la vigne, pouvant entraîner des pertes de récoltes, des problèmes de qualité du raisin et d’affaiblissement des ceps.
L’oïdium est plus insidieux mais aux conséquences aussi redoutables. C’est une maladie cryptogamique peu visible à ses débuts et difficile à contrôler une fois installée. Son impact peut être considérable aussi bien en terme de rendement que de qualité.
Et depuis fort longtemps, le vigneron lutte contre ces deux maladies avec des produits à base de cuivre et de soufre en parcourant ses parchets dès l’aube avec son atomiseur.
C’est au début des années 1980 qu’Air Glaciers à Collombey en Valais a créé la société Trans Héli pour se spécialiser dans le traitement des vergers et des vignes avec un hélicoptère LAMA.
Les vignerons de Lavaux se sont vite rendu compte de l’avantage que leur procurait ce nouveau moyen de traitement en pouvant agir rapidement sur une grande surface avec beaucoup moins d’effort physique et aussi de pollution sonore en regard du bruit de dizaines d’atomiseurs ronronnant tôt le matin… L’hélicoptère est vraiment un atout dans une région où le terrain est accidenté, en volant à
2 mètres du sol.
Quatre associations pour l’hélisulfatage se sont créées, à Chardonne, à Saint-Saphorin, à Cully et à Villette, qui représentent en tout 335 hectares de vignes à traiter.
Il faut savoir qu’il est interdit en Suisse de traiter par hélicoptère des produits herbicides ou insecticides. Il s’agit donc uniquement de traitement fongique de classe de toxicité nulle.
Sur une saison, c’est environ 6 à 8 traitements qui sont nécessaires pour une lutte efficace contre ces deux maladies, uniquement avec des produits «doux» composés de cuivre, de soufre, d’extrait d’algue brune, de bicarbonate et de phosphonate de potassium additionné de lait maigre pour que la substance adhère bien aux feuilles.
C’est donc un traitement à base de produits totalement Bio qui est appliqué, à part le phosphonate de potassium qui est Bio à 98% mais qui doit encore être validé par nos autorités en la matière (ce qui est le cas en Allemagne).
Les vignerons membres des quatre associations opérant à Lavaux se sont réunis dernièrement et ont quasi unanimement décidé de se battre ensemble contre le mildiou et l’oïdium avec ces produits «doux» de nouvelle génération. Ce qui représente une belle avancée pour tous les défenseurs d’un retour aux méthodes dites naturelles dans une région classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Les représentants des quatre associations d’hélisulfatage ont présenté à la presse leur satisfaction de montrer un front uni pour aller vers un minimum de désagrément envers la population avec des traitements commençant à l’aube jusque vers 10h30 avec des produits propres mais efficaces.
Ils sont certains que le chaland saura reconnaître leurs efforts à travers la pureté d’un excellent chasselas et comprendre le pourquoi du comment des rares passages d’hélicoptère dans ce magnifique paysage.