Drôle de vie…
Christiane Bonder | On ne peut dire, hélas, que notre vie sur cette planète soit une sinécure ou un long fleuve tranquille… Que nous appartenions au genre humain, animal ou végétal, nous subissons les coups du sort, les aléas les plus divers suivant l’espèce où l’on s’inscrit. Qu’ils restent ainsi très vigilants tous les chanceux qui ont échappé aux pépins, car ces derniers ne sont pas qu’une affaire de pommes…
Pourquoi faut-il qu’au sein de chaque espèce nous nous fassions des coups tordus, à commencer par l’homme qui «mange» l’homme, qu’il soit son frère ou un ami? Le loup mange l’agneau, la mante son conjoint, le hêtre qui grandit condamne des arbustes faute de place et de lumière. Mais ce qui déconcerte est dans le fait que ces espèces s’entre-dévorent selon leur propre entendement. Ainsi l’humain se nourrit-il de bœuf et de légumes, l’animal de verdure et s’il est affamé se laissera aller à sa tendance anthropophage. L’humus de nos cadavres est profitable aux résineux qui ornent les cimetières quand ces mêmes résineux sont abattus par l’homme qui en façonne nos cercueils.
Belle salade que cette vie, allez donc vous y retrouver tout au long d’une destinée qui vous invite un jour ou l’autre à trépasser.
Certains sont défaitistes, tandis que de plus philosophes ont encore en mémoire les mots réconfortants que nous livrait André Malraux: «La vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie…»
Car en effet, des épisodes lumineux viennent parfois nous enchanter et nous serions ingrats de faire la longue traversée sans songer à les apprécier.