Des oiseaux majestueux!
par Luc Grandsimon | Qui n’a pas dans sa vie admiré des flamants… ?
Nous avons décidé de vous présenter cette semaine deux oiseaux appartenant à cette famille, celle des Phoenicoptéridés, les flamants. Elle comporte en tout six espèces dont la taille varie entre 80 cm pour le flamant nain et 145 cm pour le flamant de Cuba, pour un poids compris entre 2 et 3 kg. Ils possèdent tous de longues pattes et un long cou.
Le Tropiquarium de Servion en possède deux espèces: le flamant de Cuba (Phoenicopterus ruber) et le flamant du Chili (Phoenicopterus chilensis). «Le flamant du Chili se rencontre dans les régions andines du sud du Pérou, en Bolivie et au Chili. Le flamant de Cuba, aussi appelé flamant des Caraïbes, vit en Amérique du Sud» explique Philippe Morel, le directeur du Tropiquarium. Ce sont des oiseaux diurnes, ils sont actifs le jour et dorment la nuit. Leur espérance de vie est de 30 à 35 ans.
Une méthode d’alimentation proche de celle des baleines
Le bec des flamants est dit «à lamelles». Leur mandibule inférieure est plus développée que la supérieure; ces mandibules sont bordées par une structure en peigne qui sert de filtre, comparable aux fanons des baleines. Les flamants filtrent la vase dans le but de manger des micro-organismes et des petits crustacés (comme l’Artemia salina). «Ils vivent dans les eaux saumâtres et, avec leurs pattes, ils tapent la vase pour la faire remonter. Ils plongent alors le bec et filtrent celle-ci pour récupérer leur nourriture. La couleur du plumage des flamants vient du carotène présent dans leur nourriture et en particulier dans les crustacés. Le flamant du Chili est plus rose que le flamant rose d’Europe et d’Afrique. Le flamant de Cuba, qui est la plus grande espèce de flamants, possède un plumage rouge. Au Tropiquarium, nous leur donnons un mélange d’aliments dont de la crevette séchée et de la poudre de carotène afin qu’ils aient toujours cette belle couleur.»
Des colonies incroyablement nombreuses
Dans la nature, ces oiseaux vivent en grandes colonies: au Kenya, au lac Nakuru, on recensait une colonie de flamants roses d’un million d’individus. Ils ne sont pas en voie de disparition, même si leur population diminue. Le spectacle coloré de ces rassemblements est inoubliable! Ce sont des animaux solides qui supportent des températures très basses (la neige tombe au Chili).
Dans beaucoup de parcs zoologiques, les grands oiseaux sont éjointés, c’est-à-dire qu’on les ampute au niveau du métacarpe pour les empêcher définitivement de voler et ainsi former des groupes qui ne peuvent pas s’échapper. En France, cette pratique est interdite depuis décembre 2005. «Au Tropiquarium, nous dit Philippe Morel, nous n’avons jamais pratiqué l’éjointage; l’été, nos flamants peuvent décoller, car nous installons un filet sur leur volière de 1500 m² et de 12 mètres de haut. Par contre l’hiver, nous devons retirer le filet, car le poids de la neige peut le faire s’effondrer. Nous coupons alors quelques rémiges, les longues plumes des ailes qui tombent à chaque mue et qui repoussent au bout de quelques mois. (C’est un peu comme si on nous coupait des cheveux.) Nos flamants peuvent ainsi aller et venir, même l’hiver, de l’extérieur à l’intérieur de leur bâtiment qui est chauffé et équipé d’un bassin.»
Un nid qui ressemble à un volcan
Au Tropiquarium, vous pouvez observer six flamants du Chili et un de Cuba, ce sont les seules espèces qui peuvent être mises ensemble en captivité.
Pour se reposer, les flamants se tiennent sur une patte; ils ne se couchent jamais sauf lors de la couvaison. Ils fabriquent leur nid à base de boue et de sable, de la forme d’un volcan; la femelle déposera son œuf dans le cratère. Elle ne pond qu’un seul œuf par an, de couleur blanche, qui pèse environ 100 g. Les nids sont toujours situés dans l’eau de lac ou de lagon (peu profonde) afin qu’ils soient à l’abri des prédateurs. La femelle couve pendant 28 jours.
Les petits sont nourris par un «lait» régurgité par la femelle; ce «lait», proche de celui que produisent les pigeons, est riche en graisse et moins en protéines. Ce nourrissage dure deux mois, puis les petits pourront s’alimenter comme leurs parents.