Cocktail toxique
par Danielle Bouvier | La nature nous offre tout ce qui est nécessaire pour vivre en bonne santé – mais ça c’était avant. Avant la venue des produits chimiques au milieu du siècle dernier, dont le célèbre DDT abandonné en 1972, qui empoisonnent et saturent notre environnement. En ce début de printemps, période de reprise des épandages, plusieurs organisations mettent sur pied des actions de sensibilisation à l’occasion de la «Semaine pour les alternatives aux pesticides» visant à démontrer les dangers de ces produits chimiques que l’on trouve partout, dans l’eau, l’air, le sol et par conséquent les denrées alimentaires. Avec des décennies d’agriculture industrielle polluante, des millions de tonnes de pesticides ont été déversés sur les cultures, mais il serait un peu trop simpliste de montrer du doigt l’agriculteur sans s’interroger sur la responsabilité de la société, de la mondialisation et des cultures intensives. Si les pesticides sont d’abord apparus bénéfiques, leurs effets secondaires nocifs ont été très mal évalués. Ces substances sont bel et bien dangereuses et responsables de plusieurs cancers, et elles augmenteraient le risque de maladie de Parkinson…
Un constat sans appel, mais il n’est pas plus sourd que celui qui ne veut rien entendre, à savoir tous les lobbys qui s’engraissent au détriment des hommes et de l’environnement, minimisant les dangers des pesticides qu’ils vendent tout en sachant pertinemment que leurs produits ne sont pas anodins. Il existe des alternatives pour faire fructifier les dons de notre planète sans lui nuire, par exemple par l’utilisation de prédateurs naturels, insectes, acariens, bactéries ou même certaines plantes. Le gouvernement danois a prouvé qu’un tel revirement est possible en appliquant il y a plus de 20 ans déjà un plan de réduction des pesticides. La Suisse traîne en se contentant d’examiner s’il y a besoin d’appliquer un tel plan. Il faudrait peut-être se réveiller… Aujourd’hui il est prouvé que 70% des eaux de surface en Suisse sont polluées par des pesticides; l’Etat se doit d’élaborer rapidement des plans d’action comme l’Union Européenne s’engage à le faire. Le futur pourrait alors, peut-être, nous apparaître meilleur tant sur la forme que sur le fond!