Bilan mitigé et année difficile
N. By | L’assemblée générale ordinaire annuelle de cette coopérative agricole régionale qui compte plus de 700 membres a eu lieu le 11 mai dernier à Carrouge. Ce fut l’occasion de tirer un bilan agricole et commercial de l’année écoulée. Un bilan mitigé, pour ne pas dire mauvais. 2015 fut une année difficile pour l’agriculture, et carrément déficitaire pour la Landi de Moudon-Bercher-Mézières.
Le président Marc-André Bory a retracé cette année agricole 2015 caractérisée par une période de fortes pluies au printemps, juste après les plantations et semis, ravinant ou bétonnant les terrains selon leur situation, puis il y a eu la sécheresse de l’été avec une coupe d’herbages en moins, des rendements misérables en pommes de terre, variables en céréales, par contre excellents au niveau colza. Séchage de ces deux récoltes superflu, tout ça d’économisé pour les paysans, mais au détriment des comptes Landi. L’entreprise enregistre une baisse significative des ventes de produits phytosanitaires. Il semble que ce ne soit pas une défection de la clientèle de Landi, mais une adhésion d’une partie de celle-ci à des programmes écologiques tels qu’extenso, ip ou bio.
Marc-André Bory a commenté la situation de l’agriculture découlant de la politique agricole 2017 et son cortège de mesures bureaucratiques. Il a fait part de sa crainte que les accords bilatéraux que la Suisse et la Malaisie négocient actuellement ne débouchent sur une importation massive d’huile de palme relativement bon marché, produite au mépris de toutes considérations écologiques. Le secteur des huiles indigènes serait en grand danger et en particulier celui du canton de Vaud qui en est le plus gros producteur suisse. La politique du conseiller fédéral Schneider-Ammann favorable au secteur industriel est certainement nécessaire, mais risque d’être dommageable pour l’agriculture de notre pays. La FAO avertit de l’augmentation de la population mondiale, qui devrait atteindre 9 milliards d’habitants en 2050. Selon cet organisme, le défi alimentaire que cela va représenter ne peut être gérable de façon durable que par l’encouragement à une production de proximité basée sur des modèles d’exploitations familiales.
En ce qui concerne la Landi Moudon-Bercher-Mézières, l’année 2015 a été caractérisée par plusieurs faits marquants internes. Il y eut tout d’abord la mise en activité du nouveau magasin agrandi de Moudon qui a nécessité un effort particulier de l’équipe en place. Le serveur informatique désuet a été abandonné au profit d’un serveur central proposé par Fenaco: le Bison for Landi. Ce système permet de renoncer à l’achat d’un serveur local. Il est mieux sécurisé, plus fiable parce que doublé d’un second appareil de dépannage en parallèle. L’électronique permet au bulletin que le client reçoit de faire en un éclair le détour par Winterthur avant de lui parvenir. C’est ça le progrès et nul n’a intérêt à l’arrêter. Ainsi, l’inventaire au 31 décembre a été saisi entièrement avec des appareils à code-barres, ce qui limite les erreurs et facilite le travail et transfert dans la comptabilité. Le site de Bercher été l’objet en 2015 d’un vol avec effraction. Le coffre a été fracturé de manière professionnelle. Les cambrioleurs ont réussi à ne pas se faire filmer par les caméras et ils n’ont pas donné un seul coup de meule de trop; ils sont partis en plus avec les poches pleines de marchandises. Dans ce secteur non plus, on n’arrête pas le progrès. En matière de défense incendie aussi, on progresse; les normes ont changé; l’équipement d’arrosage Sprinkler de Moudon, pourtant en parfait état, doit être remplacé. Coût de l’opération: environ Fr. 100’000.–
Le directeur Bertrand Gumy a analysé l’évolution de l’exercice comptable 2015 qui aboutit à une perte de Fr. 311’ 609.- sur un chiffre d’affaires total de Fr. 8’057’083.-. Ce déficit a plusieurs causes: En janvier 2015, l’abandon par la BNS du taux plancher de l’euro fixé à Fr. 1.20 entraînait une baisse des prix de 10% ainsi que la baisse de la valeur des marchandises stockées, dans les mêmes proportions. Cette mesure a entraîné une diminution générale du commerce de détail et les pronostics et budgets pour les magasins Landi n’ont pas été atteints en fin d’exercice. La météo tourmentée de l’été a entraîné une baisse conséquente des rendements et de la qualité des pommes de terre dans le rayon d’activité de la Landi. Par contre, la sécheresse a permis aux agriculteurs de livrer leurs colza et céréales sans passer au séchoir. Tant mieux pour eux, mais ce fut un manque pour l’entreprise. Ensuite l’hiver très court avec peu de neige n’a pas fait vendre beaucoup d’articles de saison. Et dans la même foulée, le prix du baril de pétrole est passé, des 50 dollars au début 2015, à 36.7 dollars au 31 décembre 2015.
L’assemblée s’est terminée sur une discussion nourrie suivie d’un repas en commun.