A l’abri des regards d’Anne-Frédérique Rochat
Milka | Mardi 5 janvier, les fêtes de fin d’année sont passées. Anaïs, mère de deux petites filles, est épuisée, elle ne parvient plus à faire semblant, à s’arranger pour faire croire aux autres, ainsi qu’à elle-même, que tout va bien, que sa vie lui convient. Elle décide de quitter son foyer pour quelque temps, afin de prendre un peu de recul et se ressourcer. Quand on se perd, on devient égoïste, on ne pense plus qu’à soi, à sa survie: se retrouver, se retrouver en vie. Elle loue une chambre aux murs rouges chez Basile, un sexagénaire passionné par la taxidermie; au fil des jours, des liens très forts vont se nouer entre eux.
Neuf mois dans l’intimité d’êtres bousculés par la vie.
Quatre voix pour raconter une existence blessée.
Il y a des gens comme cela, pour qui tout paraît facile. Anne-Frédérique fait partie de ces gens-là. Parce qu’inventer une histoire complètement surréaliste, c’est facile, il suffit de laisser libre cours à son imagination. Mais raconter une histoire de tous les jours, qui pourrait nous arriver à tous et la rendre intéressante, il faut un certain talent.
Eh bien je vous confirme, Anne-Frédérique en a. Elle arrive à vous raconter une histoire somme toute banale, avec des gens qui ressemblent à tout un chacun, en faisant ressortir les petites failles de ses personnages, vous savez, ces petites failles que nous avons tous, ces mauvaises pensées qui nous assaillent quelquefois et que l’on repousse du revers de la main. Parce que ce n’est pas joli joli de céder à la jalousie, à la luxure, à l’envie… bref à tous ces péchés capitaux que l’on nous inculque dans notre éducation judéo-chrétienne. Elle pousse même la méticulosité à nous faire partager le point de vue de quatre des protagonistes de ce roman. Et ça marche. On passe de l’un à l’autre sans aucune difficulté.
Elle se livre un peu plus dans ce livre, on sent qu’elle y met un peu ses goûts personnels; avec Gilda, on a l’impression que les petites fêlures dont elle parle sont un peu les siennes. On la comprend, on s’identifie. C’est une artiste de chez nous, on le reconnaît au détour de petites phrases qu’on dit seulement ici.
Sur la quatrième de couverture, on mentionne «la petite musique d’Anne-Frédérique Rochat». J’aime bien cette petite musique, une musique douce, paisible, avec quelquefois de petites envolées… puis on revient à cette petite musique qui nous calme.
En clair, comme vous ne pouvez pas l’avoir lu parce qu’il sort en librairie fin août, courez l’acheter et profitez pour acheter le précédent qui n’est pas mal non plus.
Anne-Frédérique Rochat est une actrice et écrivain suisse du canton de Vaud, née en 1977 à Vevey. Elle obtient un diplôme de comédienne au Conservatoire de Lausanne en juin 2000. Depuis, elle joue régulièrement entre Genève et Lausanne.
En 2005 et 2006, Anne-Frédérique Rochat reçoit successivement un prix à l’écriture théâtrale de la Société suisse des auteurs (SSA) pour Mortifère, puis pour Apnée. En 2007, la nouvelle «Propre en ordre» est publiée aux éditions Zoé dans le recueil «La Suisse côté cour et côté jardin». En 2008, elle reçoit le Prix des lectrices Femina pour la nouvelle Le temps d’Anna. En 2008, Apnée est simultanément publiée dans Enjeux 5, la collection Théâtre en camPoche, chez Bernard Campiche, éditeur, et jouée au Pulloff Théâtre à Lausanne.
Après avoir publié l’une ou l’autre nouvelle en revue ou recueil collectif, elle s’est essayée à un genre qu’elle aime et admire tout particulièrement. Accident de personne est son premier roman. Puis Le sous-bois puis cette perle qu’est A l’abri des regards.
A l’abri des regards
d’Anne-Frédérique Rochat
aux Editions Luce Wilquin