Une victoire à la Pyrrhus pour les assureurs
Gaétan Nanchen, pour le comité unitaire vaudois | Le comité unitaire vaudois prend acte avec regret du rejet de l’initiative «Pour une caisse maladie publique» sur le plan fédéral, mais salue le bon résultat vaudois. Le résultat fédéral ressemble toutefois à une victoire à la Pyrrhus : pour les assuré-e-s tout d’abord, car les explosions des primes ne vont pas cesser. Pour le système également: l’écart des primes entre les caisses n’a jamais été aussi haut et va continuer de se creuser. Dans ces conditions, ce système fonce dans le mur. Dans ce sens, le comité unitaire vaudois est satisfait du soutien des Vaudoises et des Vaudois, qui permettra de poursuivre une pression populaire pour de véritables changements dans le financement du système de santé.
Le comité unitaire vaudois prend acte avec regret du rejet de l’initiative «Pour une caisse maladie publique». Ce résultat est le fruit d’une campagne basée sur des mensonges flagrants des opposants à l’initiative, qui sont parvenus à instaurer un climat malsain de peur et de méfiance. Les conséquences de ce vote seront considérables pour les assuré-e-s suisses. On l’a déjà vu avec l’annonce des primes 2015: les annonces d’augmentation sont à nouveau plus élevées que les coûts de la santé et l’écart des primes n’a jamais été aussi haut entre les caisses. Cette fausse concurrence et cette chasse pernicieuse aux bons risques ne vont malheureusement pas se réduire. Au contraire. Et cela sur le dos des assuré-e-s. A court terme, les caisses privées vont donc pouvoir continuer à dépenser des millions inutilement pour de la publicité et du marketing afin de chasser les bons risques et à payer généreusement les membres de leurs conseils d’administration et leurs directions générales. Tout cela, avec l’argent de nos primes. Mais à moyen et long terme, ce système n’est pas viable: les évolutions des dernières années sont inquiétantes et les réformes entreprises largement insuffisantes, à l’image d’un emplâtre sur une jambe de bois.
Le résultat vaudois est encourageant: il démontre qu’une part grandissante de la population n’est pas dupe. Depuis l’échec de la caisse unique en 2007, les promesses des assureurs maladie n’ont pas été tenues. Pire, la situation s’est dégradée, de nombreux scandales ont éclaté. Le vote des Vaudoises et des Vaudois, ainsi que d’autres cantons, est un signal clair, qui ne peut être ignoré par les caisses. Des décisions doivent être prises pour résoudre les problèmes du système actuel: la chasse aux bons risques, la discrimination des personnes âgées ou malades, la publicité onéreuse et agressive et surtout plus de contrôle et de surveillance, ainsi qu’une totale transparence du financement des assurances privées sur la partie «assurance de base».
A ce niveau, on peut se réjouir des avancées obtenues grâce à l’initiative: amélioration de la sélection des risques, remboursement d’une part des primes payées en trop, loi sur la surveillance. Ces pas vers le bon sens sont fort modestes et n’ont été arrachés que sous la pression populaire, seul levier pour faire plier le très fort lobby des assureurs privés. Le vote de la population vaudoise et des autres cantons qui ont accepté l’initiative est plus qu’un simple avertissement et doit permettre la mise en œuvre de nouvelles réformes pour le bien de tous les assurés. Le comité unitaire vaudois et les professionnels de la santé qui le composent veilleront à ce que les patients se retrouvent à nouveau au centre du système.