Séniors, racontez-nous le cinéma!
Colette Ramsauer | Deux couples amis de vieille date, Arlette et Jean Muller, Susy et Louis Paschoud habitant Savigny, fêtent cette année leurs noces de diamant. Félicitations! 60 années de mariage, c’est du solide! A cette occasion, nous leur avons demandé à quels moments remontent leurs souvenirs cinématographiques. Reportage.
L’ère Fip-Fop
Pour Susy et Louis vivant entre Savigny et Forel depuis leur tendre enfance, le premier enthousiasme pour le 7e art date des années Fip-Fop (1939-59) lorsque la maison Nestlé, s’adressant aux enfants, avait lancé un étonnant marketing à travers la Suisse. Des films étaient projetés, deux fois l’an, à la salle communale. Le couple Paschoud se souvient de la plaque de chocolat que recevait chaque enfant à cette occasion. Et Susy plus précisément du «pin’s club» qu’elle portait fièrement. A ce moment de la tendre enfance, ils ne se doutaient pas que plus tard ils tomberaient amoureux sous un parapluie lors d’une fête de Noël de la paroisse. Pendant quelques années de sage fréquentation, lorsque Louis s’expatriait à Aigle ou ailleurs pour son apprentissage de postier, Susy l’attendait à Lausanne, où ils filaient dans une salle obscure «Nous n’avons pas toujours suivi le film de bout en bout, et l’hiver, on était bien au chaud» relève Louis. Ils rentraient sur Savigny avec le dernier tramway (nommé désir?)
De Funès, Gabin, Bourvil
Le couple Muller n’a pas fréquenté bien longtemps. Néanmoins, lorsqu’ils se marièrent en 1957, des films ils en avaient vus, et des incontournables comme ceux qu’avaient appréciés les Paschoud: La traversée de Paris, 1947, avec de Funès, Gabin, Bourvil. Ils en rient encore aujourd’hui, lorsque Louis rappelle la scène des valises remplies de viande au marché noir; Le pont de la rivière Kwai 1957, Alibaba et les 40 voleurs 1954 ; naturellement Le petit monde de Don Camillo 1952; Il est Minuit Dr Schweizer 1952; Les vacances de Monsieur Hulot 1953. Ils n’ont pas manqué évidemment les grands classiques du muet de Chaplin, et de Laurel et Hardy.
Le Cinéac
A Lausanne, c’était les belles heures du Cinéac (1938-1969) à la salle du Palace. Des courts métrages 16mm, principalement des séances d’actualités, tournaient en permanence de 14h à 23h! «Les gens entraient et sortaient sans cesse» se rappellent-ils. Des salles mythiques, aujourd’hui disparues ou réaffectées, nos séniors ont connu Le Métropole, Le Bourg, l’ABC sur le Grand Pont. «On allait boire un verre juste à côté à La Cloche» se rappelle Jean. «Ou à La Pagode, actuellement le Conservatoire. On empruntait un ascenseur tournant en discontinu» se souvient Louis encore épaté par cet engin.
Belle mémoire
Avant de rencontrer Arlette dans un bal des PTT, Jean en visite chez sa soeur à Londres avait vu Le pont de Waterloo 1931, de James Whale, une histoire de soldat qu’on croyait mort au combat et qui réapparaît. Ça l’avait marqué. Il parle comme si c’était hier des films qu’il a vus, du biopic Le Glen Miler Story 1954, par exemple. Il se souvient du nom de l’acteur James Stewart dans le rôle titre et raconte le film de bout en bout avec moult détails. Belle mémoire qui fournirait sans peine à Wikipédia, le synopsis manquant des deux films.
La première TV
La période des obligations parentales mit fin à leur joyeuses sorties au cinéma. Mais rapidement la télévision prenait le relais. «Ma belle-mère nous l’a offerte parce qu’on ne pouvait plus sortir le soir» dit Louis. Nous étions les premiers à l’avoir à Savigny. Dès lors, ils regardèrent des films dans leurs charentaises. Ils se souviennent en choeur et avec émotion d’un film de 1997 «La vie est belle» de Roberto Benigni. Arlette, dont la devise est «il ne faut pas s’endormir fâché» en parle comme si elle l’avait vu la veille.
Bonne continuation!
Cette année 2017 de leur anniversaire commun, ils ont suivi le festival d’animation, première édition à Savigny, et à l’Open Air devant le temple, Arlette et Jean ont vu Ma vie de courgette. Ils ont bien aimé. Tourne, tourne, non plus la bobine grésillant mais le disque numérique perdurant leur plaisir au 7e art. Nous leur souhaitons à tous les quatre de belles heures de séances à venir!