Retour à Cormont Michel Bühler – Bernard Campiche Editeur
Ah! Michel Bühler! Un nouveau roman?
Milka | Il n’en fallait pas plus pour aiguiser ma curiosité. Le suivant régulièrement lorsqu’il s’exprime sur différents sujets, mais très souvent sur la précarité des plus faibles, j’aime ses prises de position qui sont toujours fracassantes mais justes. En le lisant, on ne peut que se plier et accuser réception de ses idées qui sont d’une pertinence affolante. Il a un regard sur le monde beaucoup plus réaliste souvent que le meilleur des philosophes, Donc, si Michel Bühler nous offre un roman, forcément, mon intérêt est en éveil. Je me demande de quoi il va parler, si c’est un roman pur, s’il y a mis un peu de sa vie entre les mots, comment est la trame, etc. Alors l’histoire est banale, un village, Cormont, village tout aussi banal, où revient s’établir à la retraite le personnage, Eustache Joubert. Lors d’une promenade en forêt, il découvre un cadavre, bien abîmé, qui gît là depuis pas mal de temps. On se pique un peu, on se dit qu’on va découvrir une intrigue phénoménale, une histoire abracadabrante, des rebondissements, une fin improbable, bref, une intrigue bien ficelée. Alors ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Le roman est bien ficelé, la fin un peu surprenante, mais je pense que ce n’est pas ce qu’a voulu nous apporter Michel Bühler. J’ai pris ce roman comme un retour en arrière, sur le temps qui passe, sur les souvenirs d’enfance, sur le capitalisme, sur la mise de côté des plus démunis, sur les relents racistes de certains partis, sur l’esprit de clocher de certains villages, sur les préjugés, sur le racisme, sur la manipulation de certains qui conduit à la haine des étrangers parce qu’ils sont responsables de notre misère, sur la condition des retraités, ceux qui meurent à l’aube de leur retraite mais aussi ceux qui peinent à joindre les deux bouts, sur l’exploitation des masses ouvrières par des financiers sans scrupules. Bref, j’y ai retrouvé le Michel Bühler dont j’apprécie les idées et la plume. Tout y est, un historien dans cent ans pourrait tout à fait imaginer notre vie d’aujourd’hui en lisant ce bouquin. Alors certes, ne nous laissons pas aller au pessimisme, ce n’est pas le genre de la maison. Michel Bühler nous amène à connaître d’autres personnages, ceux qui font du bien, et il y en a quelques-uns dans ce roman. C’est un beau roman contemporain, de plus bien écrit par un auteur qui maîtrise parfaitement la langue française. Il n’a pas d’orientation politique, bien que l’on connaisse l’auteur pour ses idées, mais c’est plutôt comme je l’ai dit plus haut, une photographie de notre époque, avec ce que l’on a acquis mais aussi ce que l’on a perdu. Arrivant au bout de l’espace qui m’est accordé, je me rends compte que je ne vous ai pas parlé des personnages. Et ce n’est pas plus mal. Vous pouvez me faire confiance. C’est un livre à lire! Absolument! Ne serait-ce que pour la beauté des textes.