Redonnons sa grandeur à la paysannerie !
Mathieu Janin | La paroisse de Savigny-Forel a récemment organisé une soirée de soutien à ses agriculteurs. Une cinquantaine de personnes ont occupé toutes les chaises de la salle de paroisse pour écouter Pierre-André Schütz, aumônier agricole vaudois défendre fougueusement la cause de nos paysans dans un monde de plus en plus déraciné.
Faire Eglise autrement. Pierre-André Schütz pratique l’«Eglise Lagardère»: si tu ne viens pas à moi, c’est moi qui irai à toi. Il rejoint ainsi ses contacts paysans sur leur terrain et prône l’importance de cultiver notre identité chrétienne dans notre civilisation judéo-chrétienne. Chouchou des médias depuis son entrée en fonction en 2015, l’aumônier de l’agriculture vaudoise sensibilise la population aux problèmes actuels de la paysannerie à travers le porte-voix de différentes émissions et articles de presse.
Décadence sociétale
L’aumônier estime que «- nous vivons actuellement une décadence sociétale lorsqu’on tue ceux qui nous nourrissent. Aujourd’hui nous vivons dans le culte du fric et de l’efficacité. Mais ce culte va droit dans le mur. Nos paysans ont besoin de mieux vendre leurs produits pour mieux vivre». Et l’ancien agriculteur, devenu diacre puis pasteur et désormais aumônier, les défend fougueusement dans le cadre de son nouveau ministère.
Y’en a point comme nous
L’aumônerie agricole telle qu’elle se vit dans le canton de Vaud depuis 2015 est unique en Suisse. Elle est financée par le Service vaudois de l’agriculture. Comme beaucoup de belles histoires, ce projet résulte de la rencontre entre 3 personnalités vaudoises: Frédéric Brand, chef du service agricole, Xavier Paillard, pasteur, devenu par la suite président du Conseil synodal de l’EERV et Philipe Leuba, conseiller d’Etat et chrétien engagé. Tous trois ont uni leurs forces pour créer ce poste d’aumônerie unique en son genre. Depuis le 1er octobre 2015, Pierre-André Schütz travaille à 20% en tant qu’aumônier des écoles d’agriculture de Grange-Verney et de Marcelin et agit un autre tiers de son temps professionnel sur le terrain pour accompagner actuellement quelque 45 familles de paysannes vaudoises dans la difficulté et la détresse.
Une profession en difficulté croissante
Le cadre de vie des paysans a été massivement sous-estimé. Leur cadre légal est écrasant. Ils subissent les prix d’achat ridiculement bas à la vente de leurs récoltes, mondialisation et concentration de la distribution obligent. Certains faits sont aberrants. Il faut, en effet, attendre deux longues années et demi pour que le lait sorte d’une vache. La grande distribution achète le litre de lait 46 centimes aux paysans, alors que son prix de vente est proposé à 2 francs 30 deux jours plus tard sur les étals des commerçants, soit près de 5 fois sont prix d’achat… Malheureusement pour sa défense, le paysan vaudois est naturellement taiseux. Il n’a pas l’habitude de se plaindre. C’est là que Pierre-André Schütz entre en jeu: Il chemine avec les paysans mais c’est à ces derniers de trouver les solutions à leurs problèmes. Pour ce faire, le Service vaudois de l’agriculture (SAVI) finance ce poste d’aumônier à l’Eglise réformée vaudoise (EERV). Fonctionnant dans le cadre de la mission commune œcuménique, ses patrons sont le Conseil synodal et le vicaire épiscopal des Eglises catholique et évangélique réformée vaudoises. L’aumônier collabore et met en réseau différents services de Prometerre (l’Association vaudoise de promotion des métiers de la terre) pour décharger ses paysans en difficulté.
Médiatiser pour sensibiliser
Pour sortir de ce cercle vicieux, P-A Schütz utilise les médias pour sensibiliser la population aux problèmes de la paysannerie. Les consommateurs trouvent les paysans sympathiques et sont prêts à les aider à mieux vivre, pour autant qu’ils soient informés de leur situation difficile. Plusieurs émissions sont prochainement prévues sur la RTS, dont un Temps Présent en fin d’année ou début 2017.
Info : Aumônerie agricole vaudoise – Pierre-André Schütz, 079 614 66 13, e-mail pierre-andre.schutz@eerv.ch