Reconstruction partielle de l’internat de Serix, la rumeur se confirme…
Roger Cachin,
éducateur retraité, Palézieux | A l’âge de la retraite, chacun de nous se réjouit de vivre dans la tranquillité… Eh bien, ce n’est pas le cas, ni pour la vieille institution contrariée par de nouvelles normes, ni pour ma femme et moi qui lui avions consacré plus de cinquante ans de travail à nous deux… La noble Dame d’Oron qui était chargée de recueillir des enfants en difficultés provenant de la Suisse romande le fera différemment… Mais nul ne sait comment!
Nos voisins et nous locataires devons quitter nos appartements de service que nous considérions, à tort, comme les nôtres; les artisans locataires de nombreux locaux également. Le petit village qu’il constituait avec les élèves résidents doit disparaître… la petite communauté qui partageait les jeux, les bagarres et l’amitié va sans doute faire renaître un ghetto que nous voulions voir disparaître à tout jamais. Les élèves vivront à nouveau uniquement entre eux!
Les anciens «pensionnaires» de l’institution qui viennent quelquefois à la recherche de leur enfance s’adressent à des personnes qu’ils ont connues et non pas à l’institution, douloureux souvenir… Un bâtiment n’est qu’un outil, tout neuf ou délabré les enfants s’en moquent. Ce sont les éducateurs… un peu magiciens qui barbouillent de couleurs et d’espoir l’avenir d’un petit gars abandonné de ses parents; ce ne sera jamais une chambrette répondant aux normes fédérales…
Ce sont les éducateurs (trices) qui créent des relations indéfectibles entre petits et grands, qui font régner discipline et ambiance agréable au sein d’un groupe éducatif, non sans mal. Ils donnent une âme à la Fondation et justifie son existence.
Tout change, et c’est bien normal! Née en 1862, victime de désuétude… elle s’appelait «Colonie agricole et professionnelle de Serix». En 1973 elle fut relookée à l’aide de 8 millions et fut appelée «Institut Romand d’Education». Des institutions françaises vinrent visiter notre réalisation… Ce fut un modèle dont elles s’inspirèrent. Sous l’intelligente direction de M. et Mme Jean-Pierre Audéoud. L’institution vivait comme une grande famille. Puis on la nomma «Internat pédagogique et thérapeutique» (le nombre d’élèves diminue de 10 à 8 par groupe éducatif). Actuellement, appelée plus modestement la «Fondation de Serix», elle accompagne enfants et familles. Demain, peut-être sera-t-elle Satellite du Service Protection de la Jeunesse (?) ou mieux encore: «Erziehungs-Internat»… puisque la Berne fédérale a son mot à dire sur nos terres!
Quoique propriétaire du terrain, la Fondation de Serix n’aura plus beaucoup de liberté si ce n’est de tondre ses prairies… comme au Grütli!
L’Office fédéral de la justice impose ses normes d’hygiène, de surface, de volume, proches du ridicule; il ne tolère même plus un brin d’amiante inoffensif, soigneusement enrobé de béton… C’est de la folie! L’Etat de Vaud la partage sans mot dire et en contrôle l’exécution.
Comme dans l’agriculture et le vignoble les technocrates zélés oublient les facteurs humains. L’Etat de Vaud d’ordinaire «fouineur» en matière de construction fera ce que lui dicte l’O.F.J. sur le domaine de feu Serix, passé en zone d’utilité publique.
On partagera un gâteau de Fr. 12’000’000, oui, douze millions!… Ils ne se trouvent pas sous le sabot d’un âne disait mon grand-père. Merci tout de même, M. Broulis, de les confier à Mme Lyon, r iche héritière du département Formation Jeunesse et Culture. Merci Mme Lyon de bien vouloir indiquer à vos petits contribuables du district de Lavaux-Oron comment va être précisément utilisé l’argent de leurs impôts… à moins que par les temps qui courent cela soit devenu secret militaire.
« La Colonie agricole de Serix telle que nous l’avions connue va disparaître ainsi que son vieux personnel. »
« Que d’histoire », Librairie du Midi, Oron.