Poussière d’étoiles sur film d’argent
Antonio Costa | «L’espace, frontière de l’infini vers laquelle voyage notre vaisseau spatial. Sa mission: explorer de nouveaux mondes étranges, découvrir de nouvelles vies, d’autres civilisations et, au mépris du danger, avancer vers l’inconnu.» Cette phrase culte du capitaine Kirk a, depuis très longtemps, suscité la curiosité et l’émerveillement pour les astres de la part des petits et aussi des plus grands. Au travers de ses aventures, l’équipage de l’Entreprise a visité des galaxies, des planètes et rencontré d’autres vies extraterrestres: le rêve de tout scientifique, depuis des générations, condensé dans une science-fiction qui ne prend pas une ride.
Nous connaissons tous notre système solaire. Le soleil et ses 8 planètes gravitant autour de lui sont accompagnés de milliards d’autres corps célestes dans la Voie lactée, notre galaxie qui, la nuit venue, lors de ciel dégagé, nous permet de voir le cosmos. Au fur et mesure des années, la technologie de pointe a permis d’aller plus loin et plus en détails dans le chaos que nous offre notre ciel. Ce ne sont donc pas moins de 170 satellites appelés aussi lunes qui ont été répertoriés, ainsi que 5 planètes naines, dans notre système solaire.
Mais que sait-on exactement de ce qu’il y a au-delà de notre système planétaire ? Plus loin, vers l’inconnu, nous trouvons d’autres étoiles et d’autres planètes qui les accompagnent. Plus de 1000 planètes ont été répertoriées jusqu’à ce jour en dehors de notre système solaire, dans d’autres systèmes planétaires. Certaines étoiles de même configuration que notre soleil ont sept planètes qui gravitent autour d’elles. Certes, de nos jours, les télescopes sont de plus en plus performants et de plus en plus abordables. Les passionnés et les amateurs d’étoiles peuvent ainsi depuis leur balcon ou leur jardin voir ou photographier des moments exceptionnels où notre planète et l’univers créent de véritables paysages astronomiques.
Il reste que ce que l’on peut voir demeure une partie infime de ce que le ciel et l’au-delà peut nous offrir avec nos instruments. Pour chercher et connaître ce qui se trouve hors de notre portée, il existe des chasseurs d’images spécialisés dans le domaine. Nous pouvons compter sur les doigts de la main les astrophotographes du ciel profond reconnus dans le monde.
En astronomie, le ciel profond recèle les objets dans le ciel autres que nos planètes, les comètes et les astéroïdes. Le ciel profond comprend les amas stellaires, les nébuleuses et les galaxies qui renferment des centaines de milliards d’étoiles et de systèmes planétaires.
Le ciel profond, Philippe Barraud, il connaît. Journaliste à la retraite, auteur du livre «Comment se comporter face aux extraterrestres», il se consacre depuis de nombreuses années à sa passion pour les étoiles. Au fur et à mesure du temps, avec persévérance et de lourds investissements, Philippe Barraud chasse dans l’espace l’instant parfait pour immortaliser des images spectaculaires qui sont publiées dans les plus grandes revues d’astronomie internationales.
Une passion depuis tout petit
Moi au départ, c’est Tintin qui m’a fait rêver. Lorsqu’il ouvre la porte de la fusée sur la Lune, j’ai été scotché par les images des étoiles, nous confie Philippe Barraud. Depuis 10 ans, il ne cesse de capturer des images fabuleuses. Je me suis intéressé activement à ma passion. Je n’avais pas de méthode, je me suis beaucoup documenté et je suis en contact avec des astrophotographes expérimentés aux Etats-Unis, ce qui m’a permis de toujours aller plus loin et de me dépasser.
C’est depuis Cully que Philippe Barraud commande à distance un télescope et une lunette équipés de caméras de haute technologie munies de capteurs et de filtres qui se trouvent à plusieurs milliers de kilomètres de lui. Il y a de moins en moins de nuits claires en Suisse pour photographier le ciel profond. A 1650 mètres d’altitude, à Nerpio en Espagne, se trouve l’observatoire où les appareils de notre astrophotographe ont pris demeure, parmi une vingtaine d’autres. C’est à la venue du soir que Philippe Barraud prend commande de ses télescopes depuis son bureau. Pendant 4 à 5 heures, il prend des dizaines de photos d’un point fixe. Vient ensuite le traitement des images, qui dure souvent tout autant de temps que les prises de vues, par notamment la décomposition des couleurs grâce à des filtres avant de les superposer pour donner le résultat final, afin de nous offrir les plus belles images d’un ciel que l’on croit calme, mais qui en réalité est en permanence dans un chaos continu d’une extrême violence que l’on n’entend pas et que l’on ne voit pas.
Informations et images:
http://www.observatoiredecully.com