Piscine
Georges Pop | Le temps ensoleillé et les pics de températures de ces derniers jours sont une aubaine pour les piscines en plein air de la région et toutes celles et ceux, petits ou grands, qui apprécient de s’y détendre. Il est plaisant de relever que le mot piscine nous vient du latin piscis qui veut dire… poisson, et plus précisément de son dérivé piscina qui désignait un vivier. En effet, pour se baigner, se faire suer ou se rafraîchir, les Romains n’allaient pas à la piscine mais aux thermes, les fameux thermæ, mot emprunté au grec θερμός (thermós) qui veut dire chaud et qui nous a par exemple donné le mot thermomètre ou thermos pour une bouteille isotherme, d’après la marque du même nom. Les piscina aménagées dans les maisons de campagne des riches Romains étaient de vastes bassins où les propriétaires les plus opulents se plaisaient à introduire les espèces de poissons les plus rares et donc les plus chères. L’écrivain et naturaliste romain Pline l’Ancien, célèbre pour sa description de l’éruption du Vésuve qui engloutit Pompéi et Herculanum, rapporte ainsi que le sadique riche homme d’affaire Védius Pollion, un contemporain de l’empereur Auguste, jouissait au spectacle des esclaves qu’il jetait vivants dans son bassin pour nourrir les énormes murènes qu’il y élevait. Certains de ces prédateurs marins peuvent atteindre quatre mètres de long et sont particulièrement voraces. En français, le mot piscine fit son apparition vers la fin du Moyen-Age pour désigner un réservoir d’eau. Mais ce n’est qu’au XIXe siècle qu’il prit le sens qu’on lui connaît aujourd’hui avec l’apparition des premiers bains publics à Paris, puis dans d’autres grandes villes de France. Aujourd’hui, rien que dans le canton de Vaud, on recense plus de quarante piscines ou bains publics et un nombre considérables de bassins privés. Au risque de mettre mal à l’aise certains lecteurs, je ne résiste pas à la tentation de rapporter cette citation de l’écrivaine et moraliste belge Nadine Montfils: la grossièreté, ce n’est pas de causer comme un pilier de comptoir, mais c’est avoir un langage châtié et de foutre la planète en l’air en remplissant des piscines alors que des mômes meurent de soif. Allez! Sans rancune… Et bonne trempette!