Jean-Pierre Lambelet  |  Si vous voulez suivre Pierre Monachon dans toutes ses activités, eh bien bon courage!

Car le bonhomme a du répondant dans bien des domaines liés plus particulièrement à la vigne, au vin et au lac Léman.

Monachon vient de «monatzon» qui signifie «petit meunier», ce qui est relativement logique à Rivaz où quelques vignes étaient à l’ombre de la Minoterie anciennement sise au bord du Léman.

Cet enfant de Rivaz qui frise la soixantaine, a depuis tout gamin compris que son terrain de prédilection ne serait pas dans la farine, mais là, sous ses pieds, dans les terres de Lavaux.

Ecole primaire à Rivaz, prim’sup à Chexbres, un petit tour alémanique à Wädens-wil au bord du lac de Zurich dans l’école de viticulture, puis Marcelin, «viti» à Montagibert, «œno» à Changins (c’était la dernière année de l’école de Montagibert et la première de celle de Changins), un stage dans le Palatinat rhénan en Allemagne et il est fin prêt pour revenir travailler avec son père, Benjamin, à Rivaz en 1979, où il avait déjà posé des jalons car le jour de ses 20 ans, il achetait sa première vigne!

Sa vie démarre à cent à l’heure et il aime à le dire: «Ce métier est tellement génial que je n’ai pas besoin d’aller au fitness», car au fil des saisons, il crapahute de parchets en parchets de Glérolles au Dézaley.

En 1990, il reprend l’exploitation de son papa et, face au prix très (trop) élevé du mètre carré de vigne, il renonce à agrandir le domaine et choisit de le mener lui-même avec l’aide d’un ouvrier. Il dit passer ses journées au paradis. Car le paradis doit «diablement» ressembler à Rivaz avec ses coteaux abrupts, ses belles maisons vigneronnes, le lac Léman, les montagnes, les couleurs du temps, les odeurs de la terre.

Représentant la 7e génération de Monachon sur le domaine, il n’a de cesse de l’améliorer, de le fignoler, de diminuer un peu la part du chasselas pour planter du pinot noir, du merlot, du mara, du plan Robert. Son Saint-Saphorin Les Manchettes lui a valu d’être admis à la Mémoire des vins suisses.

Ainsi, tout était prêt, il y a deux ans, pour «remettre» à Basile, un de ses trois enfants.

Mais ce n’est pas pour autant qu’il va cesser de travailler, car c’est son plaisir, sa joie de vivre…

Souvent, quand une page se tourne, on repense aux chapitres précédents avant d’attaquer les suivants. C’est sans mélancolie, mais avec la satisfaction de ce qu’il a fait, conçu, qu’il peut se souvenir de la création du Cercle de voile de Rivaz dont il fut président à 18 ans déjà. Membre du Chœur mixte de Rivaz-Saint-Saphorin durant 24 ans; président d’Héli-sulfate, de Terravin, de la promotion des vins de Saint-Saphorin, etc.

Sans oublier un chapitre important au sein de la municipalité de Rivaz. Entré en 2002, il devint rapidement syndic de 2004 à 2016. Ces années de syndicature furent marquées par la création de la place Paul Chaudet au centre du village en l’honneur de ce vigneron de Rivaz qui devint conseiller fédéral de 1955 à 1966 et président de la Confédération en 1959 et 1962.

Il y eut aussi la rénovation de la chapelle et plus particulièrement du bâtiment communal qui avait bien besoin d’un rafraîchissement et d’une architecture plus harmonieuse au centre du village.

Comme syndic, il faisait partie du comité de direction de l’Association scolaire Lavaux Centre qui a pris un tournant décisif dans l’organisation scolaire de toute la région avec la construction d’un nouveau collège dans la plaine du Verney à Puidoux.

Et comme il reste encore bien des chapitres à écrire, le titre du suivant est déjà tout trouvé car il s’intitule: Fête des vignerons à Vevey en 2019.

Si François Margot est abbé-président de la Confrérie des vignerons, le vice-président s’appelle… Pierre Monachon!

C’est une aubaine pour la Confrérie de bénéficier à ce niveau de tout ce que peut apporter un vigneron encore en activité, mais avec du temps libre du fait que son fils est maintenant à la tête du domaine.

Que ces voiles qu’il aime tant sentir frémir dans le vent le conduisent encore longtemps sur des eaux limpides et joyeuses…