Ma mère du Nord Jean-Marie Fournier – Editions Livre de poche
Milka | En cette fin de janvier où les temps sont difficiles, un livre petit budget. Mais bon marché ne veut pas toujours dire de mauvaise qualité.
Je sais, vous allez me dire que je ne suis pas objective, que je suis une fan inconditionnelle de cet auteur. C’est vrai! Je ne le nie pas! Mais ne peut-on aimer sans raison garder? Bon j’avoue, j’ai adoré, comme tous ses livres.
Une journaliste de «L’express» a écrit sur ce livre, je cite: un beau portrait de femme, brossé par touches légères, moins moqueuses qu’à l’accoutumée, en forme de déclaration d’amour. Je ne trouve pas que cet auteur se moque. Je dirais qu’il se moque gentiment de lui-même, qu’il ironise quand l’émotion devient trop forte, qu’il rit pour ne pas pleurer. Parce que son chemin de vie est quand-même particulier à cet homme-là.
Dans un de ses ouvrages, «il a jamais tué personne mon papa», il nous parlait de ce père médecin, devenu alcoolique, rentrant bien chargé chaque soir après sa tournée de médecin de campagne, chargé de ce petit verre pour la route que tout le monde trouve normal. Dans cet ouvrage-là, c’est de sa mère qu’il parle, la femme de l’alcoolique. Parce que derrière tout alcoolique père de famille, il y a une femme et des enfants qui s’adaptent mais qui souffrent. Ce n’était que justice de lui rendre hommage.
Dans sa quatrième de couverture, il écrit: chaque fois que j’écrivais quelque chose ou faisais un dessin, j’avais besoin de le montrer à ma mère pour savoir si c’était bien. Qu’est-ce qu’elle penserait aujourd’hui de ce que je suis en train d’écrire sur elle ? Je suis inquiet. Elle doit en avoir assez qu’on parle de son mari alcoolique. Ne pas avoir envie qu’on parle d’elle, la discrète, la réservée, de ses maladies imaginaires, de sa tristesse. Va-t-elle savoir lire entre les lignes, comprendre que ce livre est une déclaration d’amour? Que j’essaie de me rattraper, moi qui ne lui ai jamais dit que je l’aimais, sauf dans les compliments de la Fête des mères, dictés par la maîtresse. Ce livre je l’ai écrit pour la faire revivre. Parce qu’elle me manque.
Je suis certaine Monsieur Fournier que votre mère savait que vous l’aimiez. Parce que c’était une époque où on ne disait pas 100 fois par jour aux enfants qu’on les aimait. On le leur montrait par des actes. C’était un autre temps. Peut-être pas mieux que maintenant, mais pas moins bien. Différent, c’est tout.
Il y a une phrase que j’ai tellement aimée dans ce livre et qui définit bien des femmes de cette trempe: Elle avait eu une vie si dure qu’elle avait une capacité à comprendre les autres. Elle partageait avec eux le malheur, ça faisait pour chacun des plus petites parts.