Le grand saut de Maya Chollet
par Maya Chollet | Tout est parti d’un deal stupide entre un frère et une sœur… Yorick devait venir faire une course avec moi, moi un saut avec lui. Je pensais gagner au change… jamais mon frère ne ferait un truc pareil je pensais. Tu parles. Il les a faits les 20 km de Lausanne! Et je l’ai vu en pleine course, surgir de la foule et on a hurlé ensemble… je fais 6e au final, cela m’avait boosté. Lui termine 20 min plus tard, très correct pour un touriste… Et un journaliste a immortalisé le deal… plus moyen de reculer.
Ce matin de juin, mon frère me dit qu’il va sauter à Prez-vers-Siviriez… à 10 min de chez nous. Alors j’ai eu envie d’aller le voir, cela faisait longtemps que je voulais découvrir ce drôle de sport où l’on monte pendant 20 min et descend en moins de 7… une course de montagne en quelque sorte. Il est dans un club qui s’appelle flying-devil (www.flying-devil.com). Moi je pense toujours que c’est aussi fou que le triathlon de l’Inferno leur sport, alors le nom de diable est un beau parallèle.
On est parti… je ne sais pas comment mais tout à coup l’idée est venue que je saute avec lui. C’était juste une IDEE jusqu’à ce qu’il m’annonce que dans 30 min c’était mon tour, il m’avait inscrite!!! Même pas le temps d’avoir peur, et encore moins de réfléchir. Il s’est arrangé pour être celui qui filmerait durant le saut, une grande première pour lui… il n’a pas encore l’expérience pour filmer les tandems. Il devait vite apprendre la technique pour se placer en face de nous et chuter à notre vitesse… pendant cela j’avais le temps d’avoir peur. Tranquillement. J’ai eu un briefing et mis une combinaison grise, je me sentais super bien dedans. L’avion est venu, un petit pilatus rouge où l’on a grimpé… moi avec mon moniteur et des autres fous-sauteurs et mon frère, webcam sur la tête prêt à saisir mon hurlement et mes grimaces. On a survolé le Moléson et Teysachaux… j’étais morte de rire, en plus de peur. J’ai expliqué que le lendemain, je montais le Moléson en courant; comme reconnaissance du parcours, c’était du jamais vu que de le faire depuis les airs. Puis soudain c’était le moment, grand silence et impression de vide dans le ventre. Ils ouvrent la porte du petit avion. J’avais envie de m’enfuir à toutes jambes, personne n’aurait pu me suivre. Mais c’était trop tard pour reculer. Et c’est pervers en plus, on est attaché au moniteur… tu sautes je saute… de toute façon mon petite frère a montré la voie et l’exemple en se jetant avant nous… j’ai juste eu le temps de penser que j’étais fière de lui et que je n’avais pas envie… vouffffffff appel d’air près de la porte et on chutait chutait chutait…. j’ai hurlé!
C’était une impression comme jamais je n’avais eue avant. Rien de connu, rien de comparable pour vous donner une meilleure idée. On se sent aspiré, puis comme une poupée avec les bras et jambes qui flottent comme des drapeaux. Après deux secondes de terreur, je me sentais tellement bien, comme un oiseau. L’air vous caresse, vous décoiffe, je riais et il me sifflait dans les dents, sur les oreilles…. Soudain mon frère a surgi de la gauche. Je ne vous dis pas comme cela fait bizarre de voir son frère apparaître à ses côtés en pleine chute libre… il a filmé comme un pro. On riait tellement. On a même pu le toucher, jamais je n’aurais espéré autant. Puis Ludovic, mon instructeur, a ouvert la voile et on est remonté brusquement. Nouvelle montée d’adrénaline. Il nous a fait tourner comme une toupille en tirant sur les poignées puis j’ai pu aussi guider. Au sol j’ai vu une piscine de jardin. Je lui ai dit de la viser, pour l’atterrissage. On riait tellement.
Je voyais encore les montagnes, je sentais encore l’air. Au sol mon frère attendait déjà… on s’est sauté dessus… «T’as aimé?» «C’est quand qu’on recommence?»
Merci pour cette belle journée à lui, Ludovic, Lydie, Daniel le pilote et l’équipe de flying-devil… grâce à eux, le deal est accompli, le grand saut, la boucle est bouclée!