La Société de couture, centenaire sereine
N.By | Aujourd’hui il pleut, mais le soleil est dans nos cœurs ! C’est ainsi qu’une participante résumait avec un grand sourire l’ambiance de la rencontre des membres de la Société de couture de Puidoux qui a eu lieu à la fin du mois dernier. Au programme: amitié partagée, convivialité et dîner en commun. Cette rencontre remplace la traditionnelle course annuelle en autocar organisée auparavant. Actuellement, l’activité de la Société de couture est en veilleuse. Les membres qui le peuvent se retrouvent de l’automne au printemps pour vivre ensemble chaque jeudi après-midi quelques heures récréatives agrémentées d’une tasse de thé et de pâtisserie. L’activité professionnelle des jeunes dames et l’instauration par les autorités de nombreux services sociaux ont entraîné un désintérêt pour les activités de la société fondée en 1902 dans le but de financer des travaux à la petite chapelle de Puidoux, dont l’état était défectueux, qui manquait de confort et même de sécurité. Sur le plan paroissial et missionnaire, d’autres structures en matière d’aide au financement existent maintenant.
Vivre c’est agir et toujours servir était la devise d’Andrée Chevalley, présidente de la Couture durant 25 ans. Cet axiome résume parfaitement les buts et les activités de cette société. Ces dames se retrouvaient un après-midi par semaine pour confectionner des layettes et tricots, de l’habillement et des pâtisseries destinés au grand thé-vente bisannuel. Le solde des travaux de financement de cette chapelle a ainsi pu être payé en 1912. Pendant la Première Guerre mondiale, la Couture a collaboré à l’aide aux soldats. Son activité s’est poursuivie en faveur des pauvres de la commune. Les couturières confectionnaient de la layette, des chemises, chaussettes, passe-montagnes, écharpes, etc. En 1920, la société participa à l’organisation d’une vente destinée à financer un harmonium pour la chapelle, la coupe de la sainte cène, ainsi que la facture d’électricité. Durant la Seconde Guerre mondiale, des paquets de Noël contenant chemises, chaussettes, écharpes, passe-montagnes furent envoyés aux soldats. Les archives mentionnent en 1975 une invitation aux paroissiens à participer à la journée de dédicace des nouvelles orgues de la chapelle de Puidoux payées par la Société de couture, sous réserve des subsides de l’Etat. Elle avait également participé financièrement à la pose du vitrail de cet édifice. Dès 1990, chaque naissance dans la commune fut accueillie par une bavette et les aînés eurent droit à une petite attention dès leurs huitante ans. En plus de ses activités spécifiques, la Société de couture, membre de l’USL, a contribué activement à la vie associative et festive locale, en particulier, dès sa première édition, à la mi-été au Mont-Cheseaux organisée par le Syndicat d’alpage.
La Société de couture a fêté son 110e anniversaire le 4 novembre 2012 en organisant son dernier thé-vente, lors duquel une rétrospective des activités déployées au fil des ans a été tissée. Le texte ci-dessus en est un condensé.
La vie évolue. Il peut paraître surréaliste d’arriver à financer des travaux dans le secteur de la construction par des thés-ventes. Mais à l’époque, le fossé financier entre les divers secteurs de l’économie était moins marqué qu’actuellement. La Société de couture est en veilleuse parce que nous pouvons maintenant nous vêtir à bon compte par la grâce du commerce mondial qui met en concurrence sans vergogne les travailleurs de pays sous-développés économiquement pour obtenir des produits textiles à vil prix. Pour cette raison, le tricot et la couture n’ont plus la cote. Encore dans les années 1950-70, les jeunes filles, les dames tricotaient, tricotaient en lisant, en écoutant la radio, en bavardant à la cuisine, dans la chambre, dans le train. Des couturières passaient de maison en maison pour réparer ou confectionner les habits de la famille. Un temps révolu, mais il convient de le garder en mémoire et de tirer un grand coup de chapeau aux dames qui en furent les actrices. C’est là notre propos.