Interrogations…
Myriam Edward | Depuis quelque temps, vous avez tout comme moi pu lire divers articles dans les media du canton et de la région, concernant le licenciement d’une maîtresse de l’Etablissement d’Oron-Palézieux. Personnellement, j’ai été plus que choquée de voir que l’on puisse faire vivre un lynchage médiatique pareil à une personne qui a exercé plus de 35 ans son métier. Les faits qui lui sont reprochés sont graves, on est d’accord. Mais ont-ils été vérifiés, sont-ils aussi graves que décrits par les media, y a-t-il eu essai de médiation entre les parents de l’élève en question et le corps enseignant? Je n’en sais rien, je n’y étais pas, mais ce sont des questions que je me pose… car, depuis quelques années, en parlant avec des connaissances qui sont enseignantes ailleurs en Suisse, elles me disent qu’il devient de plus en plus difficile de parler avec les parents d’élèves… voire même que les soirées de parents d’élèves sont devenues un enfer, parce que certains parents ne veulent pas entendre que leur enfant puisse avoir un comportement inadéquat ou avoir besoin d’aide et que ces parents sont agressifs envers l’enseignant. Certains parents idéalisent leur enfant à tel point que personne ne peut plus les aider pour un bon développement de leur enfant. A trop vouloir lui passer tous ses caprices, celui-ci finit par être enfant roi et fait de la vie de ses parents et des autres un véritable enfer. Je connais beaucoup de jeunes parents et d’enfants, et je me rends compte que d’élever des enfants aujourd’hui est plus difficile qu’il y 20 ans… oui, c’est un fait, beaucoup de parents n’ont plus la possibilité de rester à la maison pour élever leurs enfants comme ils le souhaiteraient. Mais je persiste à croire que l’éducation des enfants doit se faire en premier lieu à la maison et que c’est aussi avec leurs parents que les enfants doivent apprendre qu’on puisse leur dire «NON» et leur mettre des barrières. Je crois aussi que nous ne rendons pas service à nos enfants en prenant leur défense systématiquement. S’ils sont traités injustement, je serai la première à me battre pour prendre leur défense. Mais avant, j’aimerai connaître le fond de l’histoire et chercherai le dialogue avec la ou les personnes incriminées pour agir de façon juste. Et si mon enfant mérite d’être puni, et bien je soutiendrai la personne qui a décidé de sanctionner, car il doit apprendre qu’on ne peut pas faire tout et n’importe quoi. Le monde n’est pas tendre et nos enfants doivent apprendre ce qui est juste et ce qui ne l’est pas pour pouvoir s’en sortir. Lorsque le licenciement de cette maîtresse a été rendu public, des parents d’autres élèves de la même classe se sont unis pour faire une pétition pour la réintégration de la maîtresse en question. De nombreux jeunes de la région qui ont eu la maîtresse en question durant leur scolarité sont choqués de ce licenciement et de tout ce battage. Cela me laisse donc à penser que peut-être tout n’a pas été examiné dans les détails et que les journalistes se sont pris un malin plaisir à utiliser ce fait pour en faire une histoire choc qui touche l’opinion publique! Admettons juste une seconde que si les faits s’avèrent réels et aussi graves que relatés par les journaux de la région, du canton et même au-delà… est-ce juste de faire un tel lynchage médiatique? De démolir publiquement une personne quelle qu’elle soit? Le fait que cette maîtresse ait été licenciée dans la seconde, et ce après près de 35 ans dans l’enseignement (ce qui prouve qu’elle n’a quand même pas tout faux, sinon elle aurait été licenciée bien plus tôt), est déjà une sanction terrible. A son âge, peu de chance de retrouver un emploi, d’autant plus qu’avec une affaire telle que celle-ci comme antécédent… les portes seront fermées partout… et elle n’a pas encore l’âge de la retraite. Et puis essayons de se mettre juste une seconde à sa place… personnellement, je pense que la destruction psychologique subie doit être encore bien plus lourde à porter! Comment retrouver la confiance en soi et oser se regarder quand on sait que tout le monde autour de soi a lu des propos plus que dégradants à son égard? Honnêtement, je ne sais pas qui a eu tort ou raison, mais je reste choquée de voir que l’on puisse utiliser une situation dramatique pour en faire la «UNE» des journaux en démolissant pareillement une personne qui n’est ni un violeur, ni un terroriste. J’espère sincèrement que chacun d’entre nous sache garder la tête froide et prendre du recul avant de se laisser manipuler par certains propos évoqués dans les medias.