Bourg-en-Lavaux: la 200e Veillée à la maison… Que sont-elles ?
J-L et A. Colombini. |. Comme son nom l’indique, une veillée à la maison est une soirée passée chez un habitant du lieu, un peu à la manière des anciennes veillées où, tout en cassant les noix, on racontait des histoires, buvait et mangeait entre voisins. Elargissant ce principe de convivialité à toute la population, les Veillées de Bourg-en-Lavaux sont ouvertes à chacun et s’organisent autour de thèmes variés selon un agenda mensuel annoncé par un tout ménage.
Et comment ça se passe?
Un habitant de la commune ouvre ses portes à un(e) intervenant(e) – parfois plusieurs – qui vient faire un exposé ou donner un concert. Dès 19h30, les convives arrivent, prennent l’apéro et s’installent pour la conférence, qui sera suivie d’un échange. Puis ils se dispersent en petits groupes informels et fluides pour déguster le buffet gourmand constitué de ce que chacun a apporté. C’est sympathique et simple.
Votre 200e Veillée. Quand a-t-elle lieu? Quel en sera le sujet?
Elle a lieu le 1er septembre chez Robert et Catherine Bettex à Lallex, le petit hameau qui domine le village de Grandvaux. Jean-Yves Sovilla, neurologue et somnologue, nous parlera du sommeil: «Pourquoi dormir?»
Drôle de thème pour une date anniversaire? Les Veillées vont-elles sombrer dans un profond sommeil?
Non, pas question pour le comité organisateur de s’endormir sur ses lauriers! Car il est vrai que nous avons trouvé un joli rythme de croisière. Les premières veillées, il y a vingt-deux ans, attiraient une moyenne de 15 participants. Aujourd’hui, il y a régulièrement une trentaine voire une quarantaine de participants, réguliers ou occasionnels. Nous recevons beaucoup d’échos positifs, notamment de la part de personnes qui nous disent que les Veillées ont facilité leur insertion dans le tissu social de la commune. Nous sommes donc encouragés à poursuivre, pour notre plaisir et celui des autres.
Le sommeil par un neurologue et somnologue. C’est assez technique, voire pointu comme sujet. Est-ce que ce n’est pas un peu élitaire, ces Veillées?
Nous avons la chance d’accueillir parfois des intervenants universitaires, mais les personnes qui acceptent de faire un exposé dans le cadre des Veillées, toujours à titre bénévole d’ailleurs, aiment communiquer et savent qu’elles ne s’adressent pas à un public de spécialistes. De plus les sujets traités et les styles d’intervention sont suffisamment variés pour qu’on ne puisse enfermer les Veillées à la maison dans un seul moule.
Justement, quels sont les thèmes abordés? Vous voulez un petit choix tiré des 100 dernières veillées? Il faut faire la distinction entre les exposés et les spectacles.
En ce qui concerne les exposés, nous essayons tout d’abord de retenir des sujets en lien avec notre patrimoine naturel et culturel. De l’avenir du vignoble vaudois, titre de notre première veillée donnée le 8 septembre 1995 par notre ancien syndic Alain Parisod, à notre balade œnologique du 16 juin de cette année, le vin est au cœur des Veillées. Mais d’autres sujets patrimoniaux en font la richesse: La Réforme en Lavaux, Pas si banale la pomme de terre, La Suisse vue du ciel, Ce sacré Schwytzertütsch, La Suisse et ses bateaux à vapeur, L’univers mystérieux des bornes-frontières, etc… Ensuite, nous comptons quelques sujets de société: Des animaux et des hommes, Vous avez dit réseaux sociaux! Quésako? Glaciers: passé-présent, Pourquoi les médias vous irritent-ils tant? Pourquoi commémorer? Pourquoi sommes-nous presque tous hypertendus? etc… Enfin, il faut citer les exposés qui ont le goût du large: Le Goulistan, un mystérieux pays aux mille et un charmes raffinés, La conquête russe de la Sibérie, Voyage en diplomatie, Récits croisés d’un détour à vélo: Fribourg – Istanbul, etc…
Outre les conférences, les Veillées organisent aussi des spectacles; ce sont le plus souvent des talents locaux qui créent de petits événements musicaux, théâtraux ou littéraires: Lucie Cellier et Salomé Lachat en concert, Les zobois de Lausanne: concert autour du hautbois, Contes joyeux, Chansons tsiganes russes, etc… Exceptionnellement, nous organisons des événements où les convives sont aussi participants. A l’approche de Noël, par exemple, nous aimons vivre une chantée. A l’occasion des 20 ans des Veillées, le 12 juin 2015, chacun était invité à proposer une petite prestation personnelle: chant, poème, lecture, musique etc… En toute simplicité. Loin de la star Academy!
Mais comment faites-vous pour trouver toujours de nouvelles idées de sujets et d’intervenants?
Nous ne cherchons pas les idées, nous les accueillons. Nous déployons nos antennes, aiguisons notre attention aux gens qui, au fond, sont nombreux à avoir quelque chose à dire, si nous leur en offrons l’occasion. Leur expérience de vie, leur passion, l’envie et la capacité de communiquer suffisent. Nous allons donc à la rencontre de leur motivation à partager un peu de ce qu’ils sont. Ainsi les idées germent des liens que nous cultivons. Le lien crée le lien. En revanche, nous avons un peu plus de difficulté à varier les lieux d’accueil.
Ah oui? Comment se fait-il?
Beaucoup disent craindre ne pas pouvoir offrir un espace suffisamment spacieux. Certes, le nombre de convives peut être impressionnant, mais on en est toujours venu à bout avec bonhomie et efficacité. Par ailleurs, nous ne boudons pas les salles communales qui, grâce à la générosité de la commune de Bourg-en-Lavaux, nous accueillent pour certaines Veillées. Mais, malgré son caractère audacieux, nous tenons à l’originalité des veillées qui est de se dérouler chez l’habitant. C’est dans la familiarité d’une cuisine, d’un salon – parfois réaménagé pour l’occasion – que la confiance s’installe, que les rires fusent, que le charme de la rencontre opère… et que l’on se trouve des points communs inespérés avec un voisin proche ou lointain. Et pourquoi ne pas nourrir ce qui rapproche plutôt que ce qui sépare?
Pour les Veillées: J-L et A. Colombini, jcolombini@bluewin.ch