Agriculture, vers un meilleur avenir?
L’agriculture suisse aborde des changements importants et les sujets de préoccupation, voire d’inquiétude, ne manquent pas.
L’agriculture vaudoise n’est pas satisfaite de la nouvelle politique agricole (PA 14-17), ni de sa mise en application au 1er janvier dernier. Comme l’affirme le directeur de Prométerre, Luc Thomas, les promesses qui l’accompagnent (davantage de production et d’écologie, une hausse des revenus et une baisse des dépenses publiques) laissent la faîtière vaudoise très sceptique. Elle souhaite dès lors que la révision en cours des ordonnances d’application recentre le cadre général donné à l’agriculture, en particulier que sa fonction première de production de denrées alimentaires soit privilégiée, et que l’enveloppe budgétaire prévue ne soit amputée d’aucun programme d’économies.
Pour garantir la sécurité alimentaire et l’approvisionnement du pays en denrées indigènes de qualité, pour préserver les terres cultivables et donner aux familles paysannes de réelles perspectives d’avenir, l’Union suisse des paysans (USP) a lancé une initiative populaire fédérale. Le président de Prométerre, Yves Pellaux, s’est réjoui de sa progression: trois mois après son lancement, le cap des 100’000 signatures requises a déjà été dépassé (plus de 130’000 à ce jour).
La libéralisation du marché laitier et la perspective d’un accord de libre-échange entre les Etats-Unis et l’UE inquiètent l’agriculture. La première aurait pour conséquence de faire plonger le prix du lait de 16 ct. La production de lait ne serait plus rentable et bon nombre d’exploitations seraient abandonnées. Par suite de l’obligation de s’y aligner, le second ouvrirait le marché suisse à toutes sortes de produits (poulet désinfecté au chlore, bœuf nourri aux hormones) et notamment ceux issus de cultures OGM – dont les consommateurs suisses ont déjà dit qu’ils n’en veulent pas.
L’agriculture suisse en général ne manque toutefois pas d’atouts, souligne Yves Pellaux. Ce sont la différenciation, les clauses du Swiss-ness, la maîtrise de l’offre et l’exploitation des labels, à englober sans modération dans des programmes promotionnels intenses et servis à toutes les occasions. Invité de cette assemblée des délégués, le conseiller d’Etat Philippe Leuba, chef du DECS, a rappelé que le canton de Vaud s’est beaucoup investi dans le soutien de son agriculture, qu’il s’agisse de la mise en œuvre de la PA 14-17 ou de projets promouvant ses produits. Soulignant l’esprit d’initiative des agricultrices et agriculteurs vaudois, saluant leur confiance et leur optimisme, il a rappelé qu’«une agriculture qui va de l’avant, qui ose, qui n’a pas froid aux yeux, c’est un pays qui avance dans le même état d’esprit».
La production agricole suisse a connu l’an passé des aspects très contrastés. Confrontée à des conditions météorologiques défavorables, la production végétale a régressé de 5,4% à Fr. 4,037 milliards. La production animale, au contraire, a crû de 6% à Fr. 4,947 milliards, principalement grâce à la hausse du prix du lait et à l’amélioration du prix de la viande de bœuf et de porc. La production
agricole totale a ainsi légèrement progressé (+ 85 millions), s’établissant à 10,064 milliards.
Association Prométerre