90 ans de Marcel Dubois à Puidoux
Jean-Pierre Lambelet | Transportons-nous à la Tour de Marsens, monument emblématique sur la commune de Puidoux, un mercredi 4 janvier 1928 pour voir arriver sur ces terres abruptes un superbe poupon: Marcel Dubois. Qu’ils étaient fiers Oscar le papa et Agnès la maman de ce robuste garçon qui allait être suivi par Georgette, Gaston et Fredy. Mais, en 1936, son père décéde et sa maman s’est retrouvée seule avec ses 4 enfants qui avaient 8, 7, 6 et 5 ans. La vie était dure à l’époque pour cette jeune veuve. Et plus tard, elle accepta l’aide et la demande en mariage de Paul Andrès. A l’âge de 10 ans, Marcel a dû partir chez des paysans à Puidoux comme «bouèbe» et il garde un très bon souvenir de son passage chez Ernest Lüthi en Communaux. Il se souvient particulièrement d’une aventure en ayant attelé une vache pour tirer un billon de bois qui s’était coincé entre deux arbres affolant la pauvre bête qui tirait tant et plus. Mais Marcel a su la calmer et la rassurer et elle fut toujours gentille et obéissante avec lui…! Il fut scolarisé au collège de Publoz ou à Puidoux-Village en fonction de la famille qui l’hébergeait. Puis, à 15 ans départ pour la Suisse allemande à Pratteln dans une exploitation comportant la ferme agricole, un restaurant et de la vigne… Déjà là, la vigne lui faisait signe! A 16-17 ans, il travaille au Bellevue Palace à Berne. A cette époque, l’hôtel recevait directement les crus de Bordeaux et de Bourgogne en barriques. Le caviste qui gérait tous les vins de l’hôtel s’occupait de les mettre en bouteilles. Marcel eut la chance de travailler avec ce caviste et put faire ces premières armes dans ce métier. A 17-18 ans, il est à Lucerne chez un marchand de vin. En allant aux rencontres des Jeunes Paroissiens romands, il rencontre Ginette Grand. Ce fut un véritable coup de foudre qui dure encore aujourd’hui. En 1946, sa maman part habiter en Suisse allemande avec son mari Paul Andrès, Marcel décide alors de rester au Pays de Vaud pour travailler les vignes. Son premier tonneau «le millésime 1947» a donné environ 1000 bouteilles qui furent difficiles à écouler. Son frère Gaston le rejoint une année plus tard et remplis de fougue, d’énergie et de courage, ils décident de travailler ensemble sous le nom «Les Frères Dubois». Avec beaucoup d’audace et de conviction, ils descendaient à pied à Vevey avec un petit char pour vendre leur vin dans les cafés et restaurants. N’ayant pas suffisamment de vignes leur permettant de «tourner», ils aidaient d’autres vignerons pour les travaux de la terre et de la cave. Les vignerons appréciaient ces deux jeunes gars qui ne reculaient pas devant l’ouvrage. C’était des bosseurs! Marcel et Ginette se sont mariés à Chexbres le 29 octobre 1949. De leur union sont nés Christian, Michèle et Sylvestre. En 1967, le domaine s’agrandit et de nouveaux tonneaux en bois équipent la cave de la Tour de Marsens pour élever les vins des deux frangins Dubois. En 1957, ils achètent un bâtiment à Epesses et en 1973 le Petit Versailles à Cully, ce qui donne immédiatement une autre dimension à l’exploitation des deux frères jusqu’en 1981 où chacun devient indépendant. Mais pour la commune de Puidoux, Marcel Dubois s’était bien plus qu’un vigneron, c’était un citoyen engagé et passionné par la chose publique.
Jugez plutôt ce parcours:
– Conseiller communal de 1953 à 1960
– Municipal de 1961 à 1976
– Syndic de 1977 à 1989
– Député au Grand Conseil vaudois de 1978 à 1984
– Conseiller national de 1983 à 1991
Sans parler des différentes associations professionnelles et publiques dont il était membre ou président!
Tant le syndic de Puidoux, René Gilliéron, (qui lui a remis des cadeaux bien mérités) que le conseiller d’Etat Philippe Leuba ont relevé la force de cet engagement au service de sa commune, de son canton et du pays en saluant au passage le rôle important de son épouse Ginette qui l’a épaulé sans faillir durant 38 années où les absences du foyer furent nombreuses…! Le pasteur, Eric Bornand, à la veille de l’Epiphanie (ou fête des Rois), au moyen d’un petit quiz, a pu vérifier que Marcel était bien au point avec les questions relatives à cette célébration religieuse. Le président du Fil d’Argent, Daniel Chaubert, a trouvé les mots justes pour définir Marcel Dubois tel qu’il est dans la vie en décrivant sa manière très personnelle d’ouvrir une bouteille de vin, tout en rondeur, en s’assurant bien de l’étiquette, du bon tire-bouchon utilisé avec art, de la première goutte à déguster en silence, des commentaires avisés sur les arômes, le fruit, le parchet, le temps qu’il faisait aux vendanges, avant de remplir délicatement les verres et de lever le coude pour faire «santé» avec un grand sourire…! Unique! Et pour finir cette sympathique célébration, toute l’assemblée a entonné une chanson que son épouse Ginette a composé il y a fort longtemps avec paroles et musique sur le thème «buvons un verre de vin…» qui amènera naturellement la quiétude et la sérénité sur notre terre! Merci pour tout Marcel Dubois et bonne et longue suite!